Vendredi 31 janvier 2025 à 11h22
Damas, 31 jan 2025 (AFP) — Des dizaines d'intellectuels syriens de renom ont lancé vendredi une pétition en ligne pour réclamer la restauration de toutes les libertés dans la nouvelle Syrie et l'élection d'une assemblée constituante, après la chute de Bachar al-Assad.
"L'ère de la tyrannie est révolue", affirment dans leur texte les 65 signataires, écrivains, juristes, cinéastes ou défenseurs des droits humains, issus de la diaspora ou vivant en Syrie.
Ils appellent à la "restauration des libertés publiques fondamentales, en particulier la liberté de réunion, de manifestation, d'expression et de croyance", ainsi que le droit de former des partis et des syndicats indépendants.
Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh, qui a pris le pouvoir le 8 décembre en renversant Bachar al-Assad avec une coalition de groupes armés islamistes, a été nommé président intérimaire pour une période indéterminée.
Il concentre désormais tous les pouvoirs, après avoir dissous le Parlement et abrogé la Constitution. Dans un discours jeudi, il a promis de tenir une "conférence de dialogue national" et de former "un conseil législatif restreint".
La pétition, dont l'AFP a obtenu une copie, souligne que la période de transition doit "contribuer à l'établissement du système politique pour lequel le peuple syrien s'est soulevé (..) et pour lequel sont morts des centaines de milliers de ses fils et de ses filles".
Bachar al-Assad avait réprimé dans le sang un soulèvement populaire en 2011 qui avait dégénéré en guerre civile, faisant plus d'un demi-million de morts.
Les signataires appellent à "l'élection d'une assemblée constituante, selon une loi électorale équitable, et à l'adoption d'une nouvelle Constitution garantissant" aux Syriens "leur liberté et leur dignité".
Alors que beaucoup craignent une islamisation de la société avec l'arrivée au pouvoir d'une coalition dirigée par un groupe islamiste radical, le texte souligne que l'Etat "ne saurait intervenir" dans la vie des Syriens, que ce soit pour imposer "des usages vestimentaires" ou autres.
Les signataires veulent par ailleurs "une solution juste à la question kurde", "dans le cadre d'une décentralisation administrative négociée" avec l'administration autonome qui contrôle de vastes territoires du Nord-Est.
Ils exigent des lois "encadrant la justice transitionnelle" et demandent à révéler le sort des disparus, estimés à des dizaines de milliers du temps d'Assad, "en préservant les documents, en empêchant la dégradation des charniers et en permettant aux Syriens d'accéder à la vérité, seule voie vers (...) la réconciliation nationale".
La pétition, qui sera ouverte à plus de signataires, est notamment signée par les écrivains Farouk Mardam Bey, Samar Yazbeck, Moustafa Khalifé ou Yassin Al Haj Saleh et les réalisatrices Hala Abdallah et Waad al-Kateab.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.