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Syrie: deux journalistes turcs d'origine kurde tués par un "drone turc" (médias, ONG)


Vendredi 20 decembre 2024 à 10h53

Beyrouth (Liban), 20 déc 2024 (AFP) — Deux journalistes turcs d'origine kurde ont été tués par des frappes de "drone turc" près la ville de Kobané, dans le nord de la Syrie, où les forces kurdes craignent un assaut de groupes soutenus par la Turquie, ont annoncé vendredi des médias kurdes et des ONG.

Nazim Dastan, 32 ans, et Cihan Bilgin, 29 ans, qui travaillaient pour des médias kurdes ont été tués jeudi près du barrage de Techrine, à environ 100 kilomètres à l'est d'Alep, la deuxième ville de Syrie, lorsque leur voiture a été touchée par une explosion, a affirmé l'association des journalistes turcs Dicle Firat.

"Nous condamnons cette attaque contre nos collègues et exigeons des comptes", a ajouté l'association, les décrivant comme "deux journalistes précieux".

Depuis la chute de Bachar al-Assad le 8 décembre, la Turquie soutient une offensive de groupes armés contre les forces kurdes qui contrôlent cette zone du nord de la Syrie.

Les deux journalistes "couvraient les événements dans la zone" quand "un drone turc (...) les a directement visés, provoquant leur mort", a souligné l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), basé au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

L'explosion a été provoquée par un drone turc, ont également indiqué l'agence de presse turque pro-kurde Mezopotamya et l'agence de presse kurde basée en Syrie Hawar, qui a montré la photo d'une jeune femme tenant un appareil photo et d'un homme qui pose à côté d'une caméra sur trépied.

Le Syndicat des journalistes turcs a condamné l'attaque, affirmant que les deux journalistes auraient été "prétendument pris pour cible par un drone turc".

"Les journalistes ne peuvent pas être attaqués alors qu'ils accomplissent un devoir sacré. Les responsables doivent être retrouvés et jugés", a déclaré la section syndicale de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie.

Réprimés pendant des décennies, les Kurdes avaient profité de l'affaiblissement du pouvoir central avec la guerre en Syrie pour proclamer une "région fédérale" dans le nord.

Les Forces démocratiques syriennes (FDS), armée de facto de l'Administration autonome kurde, ont accusé les groupes soutenus par Ankara de se préparer à lancer l'assaut sur la ville de Kobané.

Ankara, qui en plus des groupes proturcs dispose de 16.000 à 18.000 soldats sur le sol syrien, selon un responsable turc, dit que son armée se tiendra prête pour une possible opération à l'"est de l'Euphrate" tant que les combattants kurdes du nord de la Syrie ne "déposeront" pas les armes.

Mais l'armée turque insiste sur le fait qu'elle ne cible jamais les civils mais uniquement des groupes terroristes.

Selon l'OSDH, les frappes de drones turcs ont fait 93 morts dans le nord et l'est de la Syrie depuis le début de l'année, dont 23 civils.

burs/mer/at/sg

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.