Jeudi 12 decembre 2024 à 19h42
Damas, 12 déc 2024 (AFP) — Quatre jours après la fuite de Bachar al-Assad, renversé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS) et ses alliés, la Syrie entre dans une période lourde d'incertitudes.
Les Syriens, dans le pays et le monde entier, ont laissé éclater leur joie au départ d'un président au pouvoir entaché d'une "une barbarie inimaginable" selon l'ONU à l'encontre des opposants réels ou supposés.
Mais cet enthousiasme reste teinté de craintes dans un pays multi-ethnique et multi-confessionnel où le maintien des services à la population est un défi logistique, et qui n'est pas à l'abri de "potentiellement une nouvelle guerre civile" selon l'émissaire de l'ONU Geir Pedersen.
Voici les développements des dernières 24 heures.
- "Etat de droit" -
Les nouvelles autorités de Damas ont multiplié jeudi les déclarations rassurantes.
Elles ont assuré de leur "volonté de coopérer directement avec l'administration américaine pour la recherche de citoyens américains portés disparus sous l'ancien régime d'Assad", dont le journaliste Austin Tice et annoncé la libération d'un autre Américain, Travis Timmerman.
Le porte-parole du gouvernement de transition, Obaida Arnaout, a aussi déclaré jeudi à l'AFP que la Constitution et le Parlement seraient suspendus pendant trois mois et promis d'instaurer "l'Etat de droit".
"Nous respectons la diversité religieuse et culturelle en Syrie", a-t-il assuré, s'engageant aussi à ce que "ceux qui ont commis des crimes" contre les Syriens soient "jugés conformément à la loi".
- "Nouveaux conflits" -
En visite en Jordanie, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a mis en garde contre le déclenchement de "nouveaux conflits", évoquant les actions israéliennes et turques depuis la victoire rebelle.
Ces derniers jours, des combattants soutenus par la Turquie se sont emparés de zones dans le nord qui étaient tenues par des forces kurdes considérées par Ankara comme une émanation des indépendantistes du PKK.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS) sont "essentielles" pour empêcher la résurgence du groupe jihadiste Etat islamique(EI) en Syrie, a déclaré M. Blinken.
L'administration kurde semi-autonome qui contrôle une grande partie du nord-est de la Syrie a annoncé adopter le nouveau drapeau flottant à Damas, soulignant que les régions qu'elle contrôle "font partie intégrante de la géographie syrienne".
- "Mauvaises mains" -
Israël a intensifié ses raids en Syrie depuis le renversement d'Assad. Son objectif "est de s'assurer que le matériel militaire abandonné par l'armée syrienne ne tombe pas entre de mauvaises mains", mais les Etats-Unis discutent "avec Israël" de "la voie à suivre", a prévenu le secrétaire d'Etat américain.
Le directeur général de l'organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), Fernando Arias, a affirmé que son organisation "suivait de près" les informations faisant état de frappes sur des installations militaires, qui "pourraient créer un risque de contamination".
- "Nouvelle Syrie" -
Le nouveau pouvoir à Damas a remercié huit pays pour avoir rapidement rétabli leurs missions diplomatiques: Egypte, Irak, Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Jordanie, Bahreïn, Oman et Italie.
L'Italie avait rouvert son ambassade à Damas avant la chute d'Assad, et le Qatar a annoncé qu'il le ferait "bientôt".
L'université de Damas a annoncé rouvrir à partir du 15 décembre, appelant les étudiants à "rester unis pendant cette phase de construction d'une nouvelle Syrie".
- "Je suis un Berlinois" -
La guerre civile a forcé la moitié des Syriens à fuir leur foyer, dont environ six millions à l'étranger.
Parmi eux Anas Modamani, 27 ans, dont le selfie avec la chancelière allemande de l'époque Angela Merkel, à son arrivée en Allemagne en 2015, a fait le tour du monde.
"Je suis un Berlinois, j'ai ma vie ici", a déclaré jeudi le jeune homme, devenu caméraman et fiancé, qui ne souhaite pas retourner en Syrie.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.