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Syrie: le groupe radical HTS va dissoudre sa branche armée (chef militaire)


Mardi 17 decembre 2024 à 21h37

Lattaquié (Syrie), 17 déc 2024 (AFP) — Le chef militaire du groupe radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), menant la coalition qui a pris le pouvoir en Syrie, a annoncé mardi que "la prochaine étape" serait la dissolution des factions armées, à commencer par la sienne, pour les fondre au sein de la future institution militaire.

"Dans tout Etat, il faut que les unités militaires soient intégrées au sein de l'institution" militaire, a affirmé dans une interview accordée dans la ville côtière de Lattaquié, Mourhaf Abou Qasra, connu sous son nom de guerre d'Abou Hassan al-Hamwi.

Il a ajouté que HTS serait "le premier à prendre l'initiative" de se dissoudre, "dans l'intérêt général du pays".

La coalition armée conduite par HTS, un groupe islamiste radical, a pris le pouvoir à Damas le 8 décembre, chassant Bachar al-Assad au terme d'une offensive éclair lancée le 27 novembre de son fief du nord et qui lui a permis de prendre le contrôle d'une bonne partie du pays.

Le responsable militaire a affirmé que le nouveau pouvoir voulait étendre son autorité sur les zones kurdes du nord-est de la Syrie, contrôlées par une administration kurde semi-autonome.

"Le peuple kurde est une des composantes du peuple syrien (...) et le problème est avec la direction des Forces démocratiques syriennes (FDS), a-t-il dit.

Les Kurdes syriens sont la principale composante des FDS, soutenues par les Etats-Unis et qui ont été le fer de la lance de la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique.

"La Syrie ne sera pas divisée et il n'y aura pas d'entités fédérales", a-t-il martelé.

Les Kurdes syriens ont déjà fait plusieurs gestes d'ouvertures envers le nouveau pouvoir en place à Damas.

Le responsable militaire, un ancien ingénieur agronome de 41 ans, a ajouté que "la région que contrôlent actuellement les FDS sera intégrée à la nouvelle administration du pays".

- Une "solution" face aux activités israéliennes -

Il a par ailleurs appelé la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux activités militaires israéliennes en Syrie et "trouver une solution à cette question".

"Nous estimons que les frappes israéliennes sur les sites militaires et l'incursion qui s'est produite dans le sud de la Syrie sont injustes", a-t-il dit, tout en assurant que "la Syrie ne constituera pas une base (...) pour des problèmes régionaux ou internationaux".

Depuis la chute d'Assad, Israël a mené des centaines de frappes sur le territoire syrien ciblant des sites militaires, affirmant vouloir éviter que l'arsenal du précédent pouvoir ne tombe entre les mains des nouvelles autorités.

L'armée israélienne a en outre pris le contrôle de la zone tampon surveillée par l'ONU à la lisière de la partie du Golan syrien occupée et annexée par Israël.

Mourhaf Abou Qasra a en outre invité "les Etats-Unis et tous les pays" à retirer HTS et son chef Abou Mohammad al-Jolani, de son vrai nom, Ahmad al-Chareh, de leurs listes des "organisations terroristes".

HTS, issu de la branche syrienne d'Al-Qaïda avec laquelle elle a cependant coupé les ponts, reste considéré comme "terroriste" par l'ONU, les Etats-Unis et certains pays européens.

Mais plusieurs délégations étrangères se sont succédé à Damas pour rencontrer les nouvelles autorités, qui s'efforcent de rassurer sur leur capacité à pacifier la Syrie, morcelée et dévastée par 13 ans de guerre civile.

La France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'ONU ont envoyé des émissaires afin de nouer des contacts avec les autorités de transition, dont les premiers pas au pouvoir sont observés avec prudence.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.