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Syrie: le président par intérim prévient qu'il "ne pourra pas satisfaire tout le monde"


Lundi 31 mars 2025 à 22h28

Damas, 31 mars 2025 (AFP) — Le président par intérim, Ahmad al-Chareh, a assuré vouloir "parvenir à un consensus" dans la reconstruction de la Syrie après la chute du président Bachar al-Assad, mais a prévenu qu'"il ne pourrait pas satisfaire tout le monde".

Le nouveau gouvernement syrien formé par M. Chareh, dont la coalition islamiste a renversé Bachar al-Assad en décembre et pris le pouvoir à Damas après près de 14 ans de guerre civile, est dominé par les fidèles du président par intérim.

Composé de 23 membres, sans Premier ministre, il compte quatre ministres issus des minorités de Syrie, un chrétien, un druze, un kurde et un alaouite, mais aucun n'occupe de portefeuille clé.

"On ne pourra pas satisfaire tout le monde, chaque mesure que nous prenons ne fera pas consensus, c'est normal, mais nous devons parvenir à un consensus" autant que possible, a également déclaré M. Chareh lors d'un rassemblement au palais présidentiel retransmis à la télévision syrienne après les prières de l'Aïd, fête musulmane marquant la rupture du mois de jeûne du ramadan.

Il a estimé que le chemin vers la reconstruction allait être long et ardu mais que le pays "possède toutes les ressources nécessaires pour se relever".

L'annonce de la formation du nouveau cabinet samedi a été faite deux semaines après la rédaction d'une déclaration constitutionnelle qui accorde à M. Chareh les pleins pouvoirs dans les domaines législatif, exécutif et judiciaire.

L'Union européenne s'est dit lundi "prête à coopérer" avec le nouveau gouvernement "pour l'aider à relever les défis immenses qui l'attendent".

Si les Etats-Unis ont qualifié d"'étape positive" sa formation, ils ont précisé qu'il n'y aurait pas d'assouplissement des sanctions tant qu'ils n'auraient pas constaté des progrès sur des priorités telles que la lutte contre le "terrorisme".

L'administration autonome kurde qui contrôle de vastes territoires dans le nord et le nord-est de la Syrie a quant à elle contesté dimanche la légitimité de ce nouveau gouvernement.

La plupart des membres de la nouvelle équipe sont des sunnites, reflet de leur poids démographique en Syrie, après plus de 50 ans de règne de la minorité alaouite avec Bachar al-Assad et, avant lui, son père.

M. Chareh a assuré que les ministres avaient été choisis pour leur compétence "sans considération idéologique ou politique".

"La diversité de la société syrienne" a été prise en considération, a-t-il dit. Un système de quotas a été écarté pour opter pour une politique de "participation".

"Une nouvelle page d'histoire est en train d'être écrite pour la Syrie", a-t-il lancé à l'assistance.

Dans la soirée, lors d'un évènement lié à l'Aïd et organisé avec les "enfants des martyrs", sa femme Latifa al-Droubi est apparue à ses côtés pour la première fois de manière officielle au palais présidentiel, d'après les photos publiées par la présidence syrienne sur les réseaux sociaux.

M. Chareh s'apprête à signer une déclaration constitutionnelle encadrant la transition en Syrie pour cinq ans.

Certains experts et groupes de défenseurs des droits humains redoutent que la déclaration n'inclue pas suffisamment de protections pour les minorités.

Début mars, la Syrie a été le théâtre des pires massacres à caractère confessionnel depuis la chute de Bachar al-Assad, prenant pour cible les alaouites dans l'ouest du pays.

Les autorités ont mis en place une commission d'enquête et M. Chareh a promis de faire juger les responsables.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.