Mercredi 3 novembre 2021 à 19h11
Beyrouth, 3 nov 2021 (AFP) — Un groupe de rebelles, soutenu par la Turquie, utilise l'eau comme une "arme de guerre" en bloquant une rivière du nord de la Syrie, pourtant vitale pour les communautés kurdes vivant en aval, accuse une ONG dans un rapport publié mercredi.
Selon une étude réalisée par l'ONG néerlandaise PAX pour la paix, un regroupement de rebelles baptisé Armée nationale syrienne (ANS) a érigé en mai trois digues bloquant les eaux de la rivière Khabour.
L'ANS est un groupe militaire, armé et financé par la Turquie, qui est actif dans une région limitrophe de la zone semi-autonome kurde dans le nord-est de la Syrie. Cette dernière est contrôlée par les Forces démocratiques syriennes (FDS).
Or, la Turquie considère la principale milice kurde qui fait partie intégrante des FDS comme l'extension syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
Selon le rapport de PAX, qui se base sur des recherches de terrain et des analyses d'images satellitaires, le blocage de la rivière Khabour durant les mois les plus secs de l'été représente un "exemple clair d'utilisation de l'eau comme une arme de guerre".
L'édification des digues a accentué les impacts de la sévère sécheresse ayant touché la région cette année et "les agriculteurs n'avaient pas accès à l'eau au moment où ils en avaient le plus besoin", souligne le rapport, qui comporte des images satellitaires des trois digues.
La rivière Khabour, longue de 320 kilomètres, est tributaire de l'Euphrate qui prend sa source en Turquie et traverse une grande partie du nord-est syrien, en passant par la région de Hassaké, contrôlée par les Kurdes.
Des milliers de familles syriennes ont été privées d'accès à l'eau de la rivière depuis l'édification des digues, estime PAX. L'ONG dénonce une violation du droit humanitaire international.
"Il s'agit peut-être d'un geste calculé de l'ANS dans le but d'affamer la population civile et/ou forcer leur départ comme tactique de guerre", ajoute l'ONG, appelant la communauté internationale à faire pression sur la Turquie pour garantir l'accès des civils à l'eau.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.