Dimanche 31 janvier 2021 à 19h57
Beyrouth, 31 jan 2021 (AFP) — Des forces de police kurdes en Syrie ont ouvert le feu dimanche sur des manifestants pro-régime dans le nord-est du pays, faisant un mort et plusieurs blessés, selon l'agence officielle Sana et une ONG.
Un regain de tensions se produit depuis plusieurs semaines entre les forces kurdes et celles du président syrien Bachar al-Assad, qui cohabitent dans le nord et le nord-est du pays en guerre.
Le pouvoir syrien est accusé de restreindre l'accès à certains territoires kurdes et d'y imposer des droits de passage élevés pour les marchandises. Sana rapporte des accusations similaires concernant le camp opposé.
L'agence syrienne a publié dimanche des photos de dizaines de manifestants dans la ville de Hassaké, située dans le nord-est en grande partie sous contrôle kurde. Ils dénonçaient notamment le "siège" des forces kurdes sur un quartier resté aux mains du régime.
Les forces kurdes ont tiré sur les manifestants, faisant "un mort et quatre blessés", a indiqué Sana.
"La police kurde des Assayech a ouvert le feu faisant un mort et trois blessés parmi les manifestants", a fait savoir l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), indiquant que la personne décédée était un policier du régime.
Sans évoquer ouvertement ces accusations, cette police locale kurde --les Assayech-- a imputé "aux responsables du gouvernement syrien à Hassaké la responsabilité des tensions", selon un communiqué diffusé dimanche soir. Elle s'est réservée "le droit à la légitime défense face à tout danger", accusant aussi une milice pro-régime d'avoir pris pour cible dimanche ses positions à Hassaké.
Les forces gouvernementales encerclent également depuis quelques semaines des zones de la province d'Alep (nord-ouest) et imposent des tarifs élevés pour y autoriser l'entrée de marchandises, selon l'Observatoire.
Et, d'après Sana, les forces kurdes empêchent l'arrivée de carburant et de farine aux boulangeries du régime à Hassaké et encerclent un pâté de maisons tenu par les forces gouvernementales dans la ville de Qamichli (nord-est).
A la faveur du conflit syrien déclenché en 2011, les Kurdes ont acquis une large autonomie en installant leur propre administration dans le nord et le nord-est. Les autorités syriennes y ont maintenu une présence, notamment à travers des institutions et des administrations.
Confrontées fin 2019 à une offensive de la Turquie, les forces kurdes ont appelé à la rescousse les forces gouvernementales et les soldats de l'allié russe.
Avec l'accroissement récent des tensions, la Russie joue un rôle de négociateur entre les deux camps, selon l'OSDH.
La guerre en Syrie s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de puissances étrangères. Elle a fait plus de 387.000 morts et jeté sur la route de l'exil des millions de personnes.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.