Dimanche 21 mars 2021 à 10h57
Beyrouth, 21 mars 2021 (AFP) — De violents affrontements ont lieu dimanche entre les Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les Kurdes, et les forces turques épaulées par leurs supplétifs syriens près d'une localité stratégique dans le nord de la Syrie, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les forces turques et leurs alliés sont déployés dans le nord de la province syrienne de Raqqa depuis une offensive lancée par Ankara contre les milices kurdes en octobre 2019, qui lui avait permis de contrôler une zone frontalière de 120 km de large.
Jusqu'ici, des affrontements sporadiques entre les deux camps ponctuaient le fragile statu quo alors instauré.
Mais depuis vendredi, la tension est montée d'un cran, selon l'OSDH, après que les forces turques et leurs alliés syriens ont tenté d'avancer vers les villages d'Al-Moullak et de Saida, au nord-ouest d'Ain Issa, sous contrôle des FDS.
Les forces turques et pro-Ankara ont lancé leur attaque alors que les FDS venaient d'achever une opération de déminage dans les deux villages en vue d'un retour des civils, ajoute l'OSDH.
Elles "lancent des tirs d'artillerie depuis la nuit de samedi à dimanche sur des positions des FDS", a indiqué à l'AFP le directeur de l'Observatoire, Rami Abdel Rahmane.
Samedi soir, l'aviation turque a mené une frappe aérienne dans le secteur, une première depuis l'offensive d'Ankara il y a près d'un an et demi, après que les FDS ont détruit un char turc, selon l'OSDH.
La milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), partie intégrante des FDS, est considérée par Ankara comme l'extension syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
"Nos forces ont riposté après que des terroristes du PKK/YPG ont ouvert le feu sur nos forces spéciales", a indiqué dimanche le ministère turc de la Défense, des frappes démenties par des sources sécuritaires turques.
"Les terroristes (...) tentent de donner l'impression que les forces armées turques y ont mené des frappes (...) pour répandre le mensonge selon lequel +les civils de Ain Issa sont ciblés+", ont-elles affirmé.
Ankara a mené depuis 2016 trois offensives militaires dans le nord de la Syrie qui lui ont permis de contrôler un territoire de plus de 2.000 km2, notamment la région d'Afrine, l'un des cantons de la région "fédérale" kurde autoproclamée.
Le conflit en Syrie, déclenché en 2011 par la répression de manifestations prodémocratie, s'est complexifié au fil des ans, impliquant plusieurs acteurs régionaux et internationaux. La guerre a fait plus de 388.000 morts et des millions de déplacés.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.