Vendredi 13 janvier 2012 à 14h11
ANKARA, 13 jan 2012 (AFP) — La police turque a entrepris vendredi une nouvelle opération dans le pays contre les milieux soupçonnés de collusion avec les rebelles kurdes, arrêtant 33 personnes, a-t-on indiqué de source officielle.
La police a effectué de descentes dans 123 adresses diférentes dans 17 provinces, arrêtant 33 personnes sur les 49 suspects recherchés, a annoncé le parquet d'Istanbul qui a ordonné cette vaste opération policière.
Le parquet a d'autre part démenti que le bureau à Ankara de Leyla Zana, une députée kurde figure emblématique de la cause kurde au Parlement turc, eut été investi par la police, comme l'avaient rapporté les chaînes de télévisions.
Cette nouvelle rafle vise notamment la principale formation pro-kurde du pays, le Parti pour la paix et la démocratie (BDP), représenté au Parlement, selon l'agence Anatolie.
Le dirigeant de ce parti Selahattin Demirtas a accusé le gouvernement islamo-conservateur d'avoir ordonné ces arrestations. "On ne peut parler d'un Etat, d'un gouvernement là où la loi est piétinée", a-t-il dénoncé.
Parmi les gens interpellés à Ankara figurent une ex-député du BDP, Fatma Kurtulan, et l'ex-dirigeant d'un parti pro-kurde, Tuncer Bakirhan.
Des fouilles ont également été effectuées dans des complexes appartenant au BDP à Diyarbakir, principale ville du sud-est anatolien, peuplé majoritairement de Kurdes.
L'opération policière s'inscrit dans le cadre d'une offensive judiciaire visant à sévir contre le KCK (Union des communautés kurdes).
Le KCK, une organisation clandestine, est soupçonnée dêtre la branche politique du mouvement armé PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), en lutte depuis 1984 contre le pouvoir central.
Les autorités accusent le KCK de vouloir remplacer les institutions officielles dans l'est et le sud-est anatoliens et de favoriser une insurrection dans ces régions.
Depuis 2009, plus de 700 personnes, selon le gouvernement, et 3.500 dont des députés, des intellectuels, des journalistes et des maires, selon les milieux kurdes, ont été incarcérées et certains actuellement jugés pour collusion avec le KCK.
La Turquie, opposée à toute visée indépendantiste des Kurdes, a mis en oeuvre ces dix dernières années des réformes démocratiques en faveur de cette communauté, dont la population est estimée à 12 millions sur les 73 millions d'habitants.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.