Samedi 11 janvier 2025 à 15h25
Istanbul, 11 jan 2025 (AFP) — Une délégation du parti d'opposition pro-kurde DEM a rendu visite samedi à l'ex-coprésident du parti, Selahattin Demirtas, figure toujours charismatique du mouvement kurde, emprisonné à Edirne (ouest), selon une vidéo publiée par le parti.
Cette visite, qui ne devait pas faire l'objet de déclaration avait prévenu le DEM, s'inscrit dans une série de rencontres politiques du parti pro-kurde en faveur d'une reprise du dialogue entre Ankara et le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation armée considérée comme terroriste par les autorités turques et leurs alliés occidentaux.
Le DEM, troisième force au parlement, appuie l'initiative lancée par des alliés du président Recep Tayyip Erdogan de libérer le fondateur du PKK, Abdullah Öcalan, s'il renonce à la lutte armée.
Arrêté en 2016, Selahattin Demirtas, 51 ans, a été condamné en mai à 42 ans de prison. Il avait annoncé son retrait de la vie politique après la réélection de M. Erdogan en mai 2023.
Les représentants du DEM qui, sans jamais prôner la lutte armée, n'a pas non plus dénoncé publiquement le PKK, avaient rencontré le 28 décembre Abdullah Öcalan, pour la première fois en près de dix ans.
M. Öcalan, dit "Apo", purge une peine de prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle sur l'île-prison d'Imrali, au large d'Istanbul.
Cependant, l'allié politique du chef de l'Etat, le chef du parti d'extrême droite MHP Devlet Bahceli, que la délégation du DEM a également rencontré cette semaine, a créé la surprise cet automne en annonçant une possible libération de M. Öcalan si celui-ci appelle à déposer les armes et à renoncer à la lutte armée.
Lors de sa rencontre avec les députés du DEM, Öcalan s'est dit "prêt à prendre les mesures nécessaires et à lancer cet appel", selon un communiqué publié par le parti.
M. Demirtas avait apporté son appui à ces efforts en affirmant dès octobre, depuis sa prison: "Si Öcalan prend une initiative et veut ouvrir la voie à une (solution) politique, nous le soutiendrons de toutes nos forces".
Alors que de violents combats opposent dans le nord-est de la Syrie des combattants kurdes, syriens et étrangers dont ceux du PKK, à des forces soutenues par la Turquie, le président Erdogan se montre confiant sur leur issue.
Samedi depuis Diyarbarbakir (sud-est), la principale ville kurde de Turquie, il a appelé à saisir la "fenêtre d'opportunité" qui s'est ouverte avec la fin du régime rival de Bachar al-Assad: "Une nouvelle fenêtre d'opportunité s'est ouverte pour que notre pays mette fin une fois pour toutes au fléau du terrorisme".
"Il existe maintenant une Turquie unie entre tous ses membres qui s'oppose à l'oppression non seulement à l'intérieur, mais aussi à l'extérieur du pays".
"Nous n'allons pas rater cette occasion historique", a-t-il ajouté. "Les organisations terroristes n'ont d'autre choix que de déposer les armes, nous leur donnons une chance de devenir une véritable organisation politique".
Dimanche, les élus du DEM se rendront auprès de l'autre coprésidente du parti, Figen Yüksekdag, 53 ans, arrêtée pour progagande terroriste et condamnée en mai dernier à trente ans de prison.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.