Lundi 4 decembre 2023 à 20h58
Istanbul, 4 déc 2023 (AFP) — Le principal parti d'opposition turc CHP a perdu lundi un allié crucial dans sa tentative de former un front uni contre la coalition au pouvoir du président Recep Tayyip Erdogan pour les élections municipales prévues en mars, dont les enjeux sont considérables.
L'opposition laïque avait uni ses forces lors des élections historiques de 2019 qui ont vu l'AKP, le parti islamo-conservateur au pouvoir, perdre les mairies d'Istanbul et d'Ankara pour la première fois depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan.
Mais ses efforts de faire de même lors de l'élection présidentielle de mai dernier ont échoué, et se sont soldés par d'âpres querelles intestines.
Le principal parti d'opposition, le CHP, a évincé Kemal Kilicdaroglu, le challenger du président Erdogan, de son poste de chef et a choisi pour le remplacer Ozgur Ozel, un politicien relativement peu expérimenté.
Le parti de droite Iyi s'est retiré de l'alliance et a fait porter sur le CHP la responsabilité des mauvais résultats de l'opposition dans la partie parlementaire du scrutin de mai.
Le principal parti pro-kurde a changé de nom et annoncé son intention de présenter ses propres candidats en mars, ce qui pourrait favoriser les alliés d'Erdogan dans les villes ethniquement mixtes telles qu'Istanbul, qui compte une importante communauté turque.
Ces dernières semaines, M. Ozel, du CHP, a tenté de rallier le parti Iyi à sa cause. Mais ce dernier a annoncé, à l'issue de son conseil d'administration lundi, qu'il présenterait également ses propres candidats en mars.
- Meilleur candidat de l'opposition -
Le président Erdogan a fait de la reconquête d'Istanbul, sa ville natale qu'il a dirigée en tant que maire dans les années 1990, sa principale mission après avoir été réélu pour un dernier mandat de cinq ans.
La capitale économique de la Turquie et ancien siège du pouvoir est désormais dirigée par le populaire et ambitieux Ekrem Imamoglu, du CHP.
Cet homme de 52 ans est considéré comme le meilleur candidat de l'opposition pour tenter de ravir la présidence à l'AKP de M. Erdogan en 2028.
M. Imamoglu ne s'est pas présenté à l'élection présidentielle de mai parce qu'il avait été condamné pour une accusation de diffamation controversée que ses partisans considèrent comme une vendetta politique du président Erdogan après sa défaite de 2019.
Le maire d'Istanbul pourrait être contraint à la démission et à une sortie de la vie politique pendant quelques années si sa condamnation est confirmée en appel.
M. Imamoglu a gagné en 2019 grâce au soutien du parti Iyi et à celui, indirect, du parti pro-kurde, qui avait à l'époque décidé de ne pas présenter de candidats pour éviter de diviser le vote de l'opposition.
Mais les électeurs kurdes n'ont pas pardonné la décision du CHP de se retourner contre eux entre le premier et le second tour du scrutin présidentiel de mai dernier.
Le parti pro-kurde HEDEP (nouveau nom du HDP) doit prendre dans les semaines à venir sa décision sur sa participation aux municipales du mois de mars. Mais la porte-parole du HEDEP Aysegul Dogan a précisé lundi que son parti avait déjà commencé à sélectionner ses candidats.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.