Vendredi 19 juin 2020 à 11h57
Ankara, 19 juin 2020 (AFP) — La longue détention, depuis novembre 2016, du leader kurde Selahattin Demirtas est une violation de ses droits, a jugé la cour constitutionnelle turque dans une décision rendue publique vendredi.
Ancien candidat à la présidentielle et l'un des principaux rivaux du président turc Recep Tayyip Erdogan, ancien coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-Kurde), l'ancien député est en détention depuis son arrestation en novembre 2016.
Accusé par Ankara de "terrorisme", il risque jusqu'à 142 années de prison s'il est reconnu coupable dans son principal procès.
La cour constitutionnelle a jugé que les droits de M. Demirtas à la liberté et à la sécurité étaient violés, dans une décision publiée dans la Gazette officielle.
Elle a ordonné que lui soient versées 50.000 lires turques (6.500 euros) à titre de dédommagement.
Ses avocats ont demandé qu'il soit immédiatement libéré, mais son sort restait incertain vendredi.
La Cour européenne des droits de l'Homme avait demandé, en vain, en novembre 2018 qu'il soit libéré.
En septembre 2019, un tribunal avait ordonné sa libération, mais M. Demirtas ne l'avait pas été en raison d'une condamnation en 2018 à une peine de quatre ans et 8 mois de prison pour "propagande terroriste".
Son avocat Mahsuni Karaman a commenté dans un tweet que la décision de la Cour constitutionnelle signifiait que la détention de M. Demirtas en novembre 2016 et septembre 2019 n'était "pas raisonnable".
Le HDP, deuxième force d'opposition au parlement, a été fortement touché par les purges menées après le putsch manqué de juillet 2016. Pour ses détracteurs, le président turc a tiré parti de cette tentative de putsch pour neutraliser ses opposants politiques et des militants de la société civile.
Le président Recep Tayyip Erdogan a plusieurs fois accusé le HDP d'être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe classé comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.