Vendredi 21 février 2025 à 10h28
Ankara, 21 fév 2025 (AFP) — Les partis prokurdes représentés au Parlement turc conduisent depuis l'automne une médiation entre Ankara et Abdullah Öcalan, le fondateur du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), qui pourrait annoncer un virage démocratique du mouvement armé dans un message très attendu.
Dans ce cadre, six députés prokurdes se sont rendus auprès des autorités kurdes du Nord de l'Irak - à la demande de M. Öcalan, précisent-ils - dont Keskin Bayindir, coprésident du petit parti DBP, qui affirme à l'AFP que les sociétés turque et kurde veulent une solution "pacifique" au conflit qui a fait au moins 40.000 morts en quatre décennies.
Quel est le bilan de vos rencontres avec des responsables du Kurdistan irakien?
Pour M. Öcalan, l'approche des acteurs kurdes est essentielle pour avancer, c'est sur ses recommandations que nous avons rencontré (en Irak, ndlr) des responsables du PDK (Parti démocratique du Kurdistan) et de l'UPK (Union patriotique du Kurdistan): ils ont affiché leur entier soutien à une solution démocratique et pacifique de la question kurde et affirmé qu'ils mobiliseront toutes leurs forces en ce sens.
Nous déposerons dans les prochains jours une demande pour rencontrer de nouveau M. Öcalan afin de lui présenter le résultat de nos entretiens dans le Kurdistan irakien.
La société kurde aspirait à voir tous les acteurs kurdes associés à un tel processus. Les Kurdes veulent faire sortir la question kurde du domaine du conflit et de la guerre, malgré toutes les difficultés rencontrées: les arrestations, la destitution des maires (du parti prokurde DEM, dans le sud-est de la Turquie, ndlr), malgré les combats en cours au Rojava (territoire semi-autonome dans le nord-est de la Syrie, ndlr). Les Kurdes affichent une position commune en faveur d'une solution démocratique et pacifique.
Les récentes arrestations et destitutions de maires pro-kurdes peuvent-elles entraver le processus?
Voir le gouvernement recourir à ses anciennes méthodes d'oppression et de violence suscite de grandes inquiétudes.
Sans préjuger de ce que fera le gouvernement dans la période à venir, ces pratiques desservent le processus.
Mais malgré cette volonté des autorités d'empoisonner le climat, les Kurdes et tous les segments de la société qui souhaitent la démocratie, la liberté et la paix tentent de conserver un esprit constructif.
Qu'attendez vous d'Abdullah Öcalan, avez-vous un calendrier?
Son message devrait arriver sans plus tarder. Selon la délégation (qui l'a rencontré dans son-île prison) d'Imrali, il portera sur le projet de M. Öcalan de solution démocratique à la question kurde.
Sans en connaître le contenu exact, il sera question de sortir la question kurde du paradigme de la guerre et de la violence, de l'ouvrir à une discussion sur la base de la démocratie, du droit et des libertés.
Ce n'est pas si difficile de sortir de la violence. Il suffira que l'État abandonne sa politique presque centenaire (de répression, ndlr) et ouvre le débat sur une solution au conflit dans le cadre du droit et de la démocratie. Il existe aujourd'hui une forte volonté en ce sens dans l'opinion publique en Turquie.
Propos recueillis Par Burcin GERCEK
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.