Lundi 15 juin 2020 à 13h28
Silivri (Turquie), 15 juin 2020 (AFP) — Plusieurs dizaines de manifestants prokurdes se sont rassemblés lundi en Turquie pour exiger plus de démocratie et signifier leur refus d'"abdiquer" face au gouvernement, après la destitution de trois députés d'opposition.
Dans une ambiance tendue, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées à Silivri (nord-ouest), donnant le coup d'envoi d'une "marche contre les putschs et pour la démocratie" consistant en une série de rassemblements quotidiens convergeant vers Ankara, la capitale, selon des journalistes de l'AFP sur place.
"Nous marcherons jusqu'à ce que la paix, les libertés et la démocratie soient rétablies", a lancé Pervin Buldan, co-présidente du Parti démocratique des peuples (HDP), principale formation prokurde du pays.
"Les obstacles que vous dressez devant nous ne nous feront pas reculer", a-t-elle ajouté sous les applaudissements.
Des policiers ont tiré des grenades lacrymogènes, des balles en plastique et fait usage de leurs boucliers pour empêcher des manifestants de rejoindre le rassemblement, selon les journalistes de l'AFP. Une dizaine de personnes ont été interpellées.
Un député du HDP en fauteuil roulant, Musa Piroglu, a barré la route à un camion lanceur d'eau qui pourchassait des manifestants en se positionnant au milieu de la chaussée. "Vous devrez m'écraser pour passer !", "Nous vaincrons en résistant !", a-t-il lancé.
Au même moment, des membres du HDP se sont rassemblés à Hakkari, dans le sud-est majoritairement kurde de la Turquie, pour protester contre la destitution de dizaines de maires prokurdes remplacés par des administrateurs nommés par le ministère de l'Intérieur.
"La politique des administrateurs est le plus grand coup porté à notre démocratie", a dénoncé Mithat Sancar, co-président du HDP.
Ces rassemblements interviennent une dizaine de jours après que le Parlement turc a déchu de leur mandat trois députés d'opposition, dont deux élus du HDP.
Le HDP est la deuxième force d'opposition dans l'hémicycle. Il a été décimé par l'arrestation de plusieurs figures majeures depuis 2016, comme le charismatique Selahattin Demirtas, un ancien rival de Recep Tayyip Erdogan à l'élection présidentielle.
"Tous les jours, nous subissons des opérations (...), la volonté du peuple kurde est violée. Nous ne l'acceptons pas et nous n'abdiquerons pas", a déclaré à l'AFP Zeynel Ozen, député du HDP.
"Même si à la fin il ne reste qu'une seule personne, cette résistance se poursuivra", a-t-il ajouté.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.