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Turquie: le président du patronat sous contrôle judiciaire


Jeudi 20 février 2025 à 08h58

Istanbul, 20 fév 2025 (AFP) — Le président du patronat turc Orhan Turan a été laissé en liberté après des heures d'interrogatoires mais placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter la Turquie, pour ses critiques contre le fonctionnement de la justice, rapportent jeudi les médias turcs.

Le procureur général d'Istanbul a ouvert une enquête contre M. Turan et son bras droit Ömer Aras, pour "tentative d'influence sur le système judiciaire" et pour "diffusion de fausses informations".

Selon l'agence étatique Anadolu et le quotidien proche de l'opposition Cumhuriyet, les deux responsables ont été libérés dans la nuit de mercredi à jeudi à l'issue de leur interrogatoire, mais placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de voyager à l'étranger.

Les deux entrepreneurs avaient été conduits mercredi sous escorte policière devant le tribunal d'Istanbul.

Le parquet leur reproche de "fausses informations concernant la sécurité intérieure et extérieure de la Turquie" susceptibles de "perturber la paix publique", rapporte Anadolu.

Ils sont accusés de "diffusion publique d'informations trompeuses dans le seul but de créer de l'anxiété, de la peur ou de la panique au sein du public", poursuit l'agence citant la lettre de saisine du parquet.

Ces accusations se réfèrent à un discours prononcé par M. Turan devant l'assemblée générale de l'Association des industriels et hommes d'affaires turcs (Tüsiad) le 13 février, dans lequel il déplorait les atteintes à l'état de droit.

M. Turan avait évoqué le dialogue initié par les autorités avec le chef historique du mouvement kurde armé PKK, Abdullah Öcalan, détenu depuis 26 ans, estimant que "le succès du processus en cours est lié à l'amélioration de l'état de droit et de la vie démocratique (...) L'un ne va pas sans l'autre", avait-il insisté.

"Derrière tous les problèmes (du pays), on retrouve le manque de confiance en la justice", avait-il déclaré.

La Tüsiad a réitéré ces propos dans un poste sur son compte X le 18 février : "Nous ne pourrons pérenniser le développement économique de notre pays qu'avec un Etat de droit fondé sur les droits humains et le principe d'une démocratie participative".

Le président turc Recep Tayyip Erdogan avait répliqué mercredi en déclarant que "ceux qui croient sincèrement à l'état de droit doivent être du côté de la loi, pas avec ceux qui soutiennent le terrorisme".

La procédure ouverte contre les responsables de la Tüsiad a suscité de vives réactions en Turquie jeudi.

Pour le président du principal parti d'opposition CHP, Özgür Özel, elle constitue "un nouvel indicateur de l'érosion de l'environnement démocratique et juridique" du pays.

Le DEM, parti prokurde et troisième force au Parlement, a également dénoncé une "attaque contre la liberté d'expression".

L'analyste et spécialiste des marchés émergents Thimothy Ash a relevé sur X, au-dessus d'un photo montrant M. Turan encadré par deux policiers, que "la Tüsiad est un partenaire respecté par la communauté des investisseurs internationaux, entre autres".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.