Lundi 19 decembre 2022 à 18h13
Istanbul, 19 déc 2022 (AFP) — Le procureur de Turquie va réclamer le gel des comptes du troisième principal parti du pays, le HDP pro-kurde, lors d'un procès qui s'ouvrira en janvier, a rapporté lundi l'agence officielle turque Anadolu.
Le procureur général a réclamé en mars 2021 à la Cour constitutionnelle l'interdiction du Parti démocratique des peuples (HDP), troisième formation politique représentée au Parlement, que le président Recep Tayyip Erdogan accuse de liens avec le "terrorisme".
Dans sa requête, qui survient à quelques mois des élections présidentielle et législatives prévues au printemps prochain, le procureur Bekir Sahin stipule que "les liens organiques du HDP avec une organisation terroriste se poursuivent et que les comptes du parti avec l'aide du Trésor doivent être bloqués", écrit Anadolu.
Contacté, un porte-parole du HDP a dit attendre la confirmation de cette information par les avocats du parti pour réagir.
L'audience a été fixée au 10 janvier 2023.
La semaine dernière, un tribunal d'Istanbul a condamné le maire de la ville, Ekrem Imamoglu, figure de l'opposition, à deux ans et sept mois de prison et à la suspension de ses droits politiques pour une durée équivalente. M. Imamoglu a indiqué qu'il faisait appel de cette condamnation, qui a suscité la mobilisation en sa faveur de tous les partis d'opposition au président Erdogan.
Le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 2014, a annoncé qu'il serait candidat à sa propre succession dans un contexte difficile de crise économique et avec une inflation de près de 85% sur un an.
Le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son chef de file Selahattin Demirtas a été arrêté. Il a été condamné deux ans plus tard à quatre ans et demi de prison et des dizaines de responsables et de sympathisants du HDP ont été également arrêtés.
Dans son acte d'accusation, le procureur a repris à son compte les arguments du président Erdogan, affirmant que le parti est lié "de façon organique" au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), groupe armé qualifié de "terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.
L'armée turque a lancé récemment une série de raids aériens contre les positions du PKK en Irak et dans le nord-est de la Syrie.
Depuis les années 1990, près d'une dizaine de partis pro-kurdes ont été interdits ou se sont auto-dissous avant leur suspension.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.