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Turquie: les opposants, militants et journalistes emprisonnés


Mardi 25 mars 2025 à 10h27

Istanbul, 25 mars 2025 (AFP) — Le maire d'opposition d'Istanbul Ekrem Imamoglu, 53 ans, principal rival du président Recep Tayyip Erdogan incarcéré depuis dimanche pour "corruption" a rejoint la longue liste des opposants, militants et journalistes condamnés à de longues peines et détenus dans les prisons turques.

La répression engagée après une vague de contestation partie d'Istanbul, en mai 2013, s'est durcie après une tentative de putsch en juillet 2016.

Voici quelques-uns de ces détenus qualifiés de "prisonniers d'opinion" par les organisations de défense des droits humains.

Selahattin Demirtas

Ancien co-président du parti prokurde HDP (devenu DEM), deuxième force d'opposition, Selahattin Demirtas est incarcéré depuis fin 2016.

Le toujours populaire leader kurde a été condamné en mai 2024 à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l'unité de l'Etat, dans une affaire qui a valu à Ankara d'être condamné par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

Selahattin Demirtas s'était présenté à la présidentielle contre le président Erdogan en 2014 puis en 2018, cette fois depuis sa prison.

Un dialogue entamé à l'automne entre le pouvoir turc et Abdullah Öcalan, le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), par l'entremise du parti DEM, fait espérer à ses soutiens une possible libération de M. Demirtas.

Fin janvier, un autre opposant au président Erdogan, Ümit Özdag, a lui aussi été incarcéré. Le chef du Parti de la victoire, petite formation d'extrême droite, est accusé d'incitation à la haine.

Osman Kavala

Le mécène Osman Kavala, 67 ans, a été arrêté en 2017 puis condamné en 2022 à la perpétuité; il est accusé d'avoir "tenté de renverser le gouvernement" pour avoir soutenu des manifestations antigouvernementales en 2013 connues sous le nom de mouvement de Gezi, ce qu'il réfute.

La CEDH a estimé que l'arrestation de cet éditeur et homme d'affaires, figure de la société civile turque, avait pour objectif de "le réduire au silence" et de "dissuader d'autres défenseurs des droits de l'Homme".

L'avocat et ex-député d'opposition Can Atalay, qui était parvenu à se faire élire depuis sa cellule de prison, demeure lui aussi incarcéré pour sa participation au mouvement de Gezi.

Journalistes

Selon la plateforme turque de défense de la liberté d'expression P24, 34 journalistes sont derrière les barreaux et des dizaines d'autres ont dû s'exiler, comme Can Dündar.

Cet ancien rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, réfugié en Allemagne depuis 2016, a été emprisonné en Turquie en novembre 2015 pour un reportage sur des livraisons d'armes par Ankara à des groupes jihadistes en Syrie. Fin 2020, il a été condamné en Turquie par contumace à 27 ans et 6 mois de prison.

La Turquie pointe à la 158e place sur 180 du classement 2024 de la liberté de la presse de l'ONG Reporters sans Frontières (RSF).

Dix journalistes ont été interpellés lundi à leur domicile dont sept, à Istanbul, ont été libérés mardi sous contrôle judiciaire - parmi eux, un photographe de l'AFP.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.