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Turquie : un député du parti prokurde déchu de son mandat


Mercredi 17 mars 2021 à 15h25

Ankara, 17 mars 2021 (AFP) — Un député du principal parti prokurde de Turquie a été déchu de son mandat mercredi, une mesure qui ouvre la voie à son emprisonnement et marque un nouveau tournant dans la répression contre sa formation d'opposition.

"Je vais résister à ce putsch contre le Parlement. La volonté du peuple ne peut pas être piétinée", a réagi Ömer Faruk Gergerlioglu, du Parti démocratique des peuples (HDP), qui s'est vu priver de son mandat après la lecture officielle dans l'hémicycle d'une condamnation en justice.

"Nous ne nous soumettrons pas !", ont scandé plusieurs députés du HDP au Parlement, brandissant des pancartes avec la photo de M. Gergerlioglu.

En 2018, celui-ci a été condamné à deux ans et demi de prison pour "propagande terroriste", après avoir partagé sur les réseaux sociaux un article sur de possibles pourparlers entre Ankara et le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Le PKK, qui est engagé dans une sanglante guérilla dans le sud-est de la Turquie, est qualifié de "groupe terroriste" par Ankara et ses alliés occidentaux.

La Cour de cassation a confirmé cette condamnation le mois dernier.

Défenseur de longue date des droits humains, M. Gergerlioglu est connu pour avoir apporté son soutien à un large éventail de causes, en particulier à la lutte contre les mauvais traitements, notamment les tortures, infligés aux détenus.

Avant sa destitution, M. Gergerlioglu avait affirmé qu'il ne sortirait pas de l'hémicycle sans y être contraint par la force. "Ils peuvent venir m'arrêter, comme ils ont fait pour les députés kurdes en 1994", avait-il lancé.

En 1994, trois élus avaient été expulsés manu militari du Parlement pour avoir prêté leur serment en kurde.

Plusieurs députés du HDP refusaient mercredi après-midi de quitter l'hémicycle en solidarité avec M. Gergerlioglu.

Troisième plus grande formation politique en Turquie, le HDP fait l'objet d'une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné.

Le chef d'Etat turc accuse cette formation d'être la "vitrine politique" du PKK.

Le HDP rejette cette accusation, se disant victime de mesures répressives en raison de sa farouche opposition au président turc.

En comptant M. Gergerlioglu, 14 députés du HDP ont été déchus de leur mandat depuis 2016.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.