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Turquie : un maire prokurde destitué et remplacé par le gouverneur


Lundi 3 juin 2024 à 12h31

Ankara, 3 juin 2024 (AFP) — Le maire prokurde de Hakkari, une ville de l'extrême sud-est de la Turquie, a été destitué et remplacé par le gouverneur pour "appartenance à une organisation armée terroriste", a annoncé lundi le gouvernement, suscitant l'indignation de son parti DEM.

Il s'agit de la première destitution d'un maire prokurde depuis les élections municipales du 31 mars, au cours desquelles le parti prokurde DEM a obtenu 77 municipalités à travers la Turquie.

Le maire, Mehmet Siddiq Akis, a été placé en garde à vue pour "appartenance à une organisation terroriste".

"Cette illégalité ne vise pas seulement les habitants de Hakkari ou le parti DEM, c'est une atteinte à la liberté de vote", a réagi devant la presse Gulistan Kiliç Kocyigit, la vice-présidente du groupe parlementaire DEM (ex-HDP), la troisième force au Parlement.

"Nous invitons l'opinion publique démocratique à réagir à cette illégalité", a-t-elle ajouté, appelant à un rassemblement lundi soir à Istanbul.

Mme Kocyigit a déclaré qu'une délégation de parlementaires et de dirigeants du parti s'était rendue à Hakkari et a assuré que ceux-ci utiliseraient leur droit de manifester, alors que le gouverneur de la ville a interdit toute manifestation pour les dix prochains jours.

"Mehmet Siddik Akis a été démis de ses fonctions à titre provisoire", a affirmé le ministère de l'Intérieur sur le réseau social X, précisant que le gouverneur, Ali Celik, avait été nommé "vice-maire", à sa place.

Une cinquantaine de maires du parti prokurde élus en 2019 avaient été remplacés par des administrateurs, des "kayyoums", nommés par l'Etat.

Le DEM est régulièrement accusé par le gouvernement turc de liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe armé considéré comme terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux, ce que ce parti dément.

L'ancien coprésident de cette formation, Selahattin Demirtas, incarcéré depuis 2016, a été condamné en mai à 42 ans de prison, notamment pour atteinte à l'unité de l'Etat.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.