Samedi 11 février 2012 à 16h48
ISTANBUL, 11 fév 2012 (AFP) — La justice turque a annoncé samedi qu'elle dessaisissait un procureur de son enquête sur la rébellion kurde après que celui-ci a convoqué le chef des services secrets (MIT) pour l'interroger sur des contacts entre ses services et les rebelles, a rapporté l'agence Anatolie.
Le vice-procureur de la République d'Istanbul Fikret Seçen a affirmé que le procureur Sadrettin Sarikaya avait été dessaisi de son enquête sur le KCK, une organisation clandestine soupçonnée dêtre la branche urbaine du mouvement armé PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), selon Anatolie.
M. Sarikaya, qui sera remplacé par deux autres magistrats, a été évincé après avoir convoqué le chef du MIT, Hakan Fidan, pour un interrogatoire, a précisé Anatolie.
Dans le cadre de la même enquête, le ministère public a délivré des mandats d'arrêts contre un ex-chef du MIT, Emre Taner, un ancien haut responsable et deux fonctionnaires en activité de cet organisme après le refus de ces derniers de se présenter jeudi à une convocation au tribunal.
M. Fidan, qui a été nommé par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan, avait eu des contacts secrets avec des représentants du PKK en 2010, à Oslo.
Des extraits de ces discussions ont été publiés dans la presse, provoquant la colère de l'opposition, qui a accusé le gouvernement d'abandonner la position officielle d'absence de contacts avec le PKK.
Le MIT a adressé au procureur de la République d'Istanbul un communiqué expliquant que selon les règlements en vigueur, l'autorisation du Premier ministre était requise pour toute demande d'enquête concernant les services de renseignement, ont rapporté les médias.
Le PKK, considéré comme un mouvement terroriste par la Turquie et de nombreux pays, a pris les armes en 1984. Le conflit a fait au moins 45.000 morts, selon l'armée.
De nombreux observateurs estiment que l'action militaire ne parviendra pas à mettre fin au conflit kurde et que des négociations politiques sont nécessaires.
L'enquête sur le KCK a conduit à l'arrestation de plusieurs centaines de Kurdes et contribué à l'échec en 2009 d'une "ouverture kurde" lancée par le gouvernement pour trouver une issue au conflit.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.