Vendredi 22 mars 2013 à 15h11
ANKARA, 22 mars 2013 (AFP) — Une enquête parlementaire a conclu que l'aviation turque n'avait commis aucune faute en attaquant en décembre 2011 une colonne de villageois qu'elle avait pris pour des rebelles kurdes, causant la mort de 34 personnes, selon ses conclusions publiées vendredi.
"Il n'y a pas de preuves concluant à une action intentionnelle" contre ces civils, écrit la commission d'enquête ad hoc du Parlement, dont l'AFP s'est procuré une copie, précisant que les images aériennes obtenues par des drones avant le bombardement ne pouvaient permettre de dissocier "terroristes et civils".
Fruit de quinze mois d'enquête, ce document souligne que l'endroit bombardé par les avions de chasse turcs était situé non loin d'un point de passage utilisé les combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) pour s'infiltrer en Turquie depuis leurs bases arrières du nord de l'Irak.
Avant même la publication de leur version définitive, les conclusions provisoires de cette enquête avaient été rejetées par les familles des victimes et l'opposition, qui a accusé l'armée et le gouvernement d'avoir voulu "enterrer" les faits.
Le 28 décembre 2012, l'aviation turque avait pilonné une colonne de contrebandiers kurdes aux abords du village d'Uludere (Roboski en kurde), dans la province de Sirnak, à la frontière turco-irakienne, tuant 34 civils.
Dans sa première réaction, l'état-major de l'armée turque avait plaidé l'erreur, expliquant avoir pris cette colonne pour des rebelles du PKK. Face au tollé suscité par cette réponse, le gouvernement a été contraint d'ouvrir une enquête parlementaire et a proposé une indemnité aux familles des victimes.
Amnesty International avait exigé des autorités turques une "enquête impartiale".
Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan avait pour sa part défendu l'action des militaires, alors que les combats entre l'armée turque et le PKK s'étaient intensifiés après l'échec de négociations de paix secrètes entre Ankara et les rebelles.
La publication de ce rapport intervient au lendemain de l'appel à déposer les armes lancé jeudi par le chef rebelle emprisonné Abdullah Öcalan, qui a relancé les espoirs d'une fin du conflit kurde, qui a provoqué la mort de plus de 45.000 personnes depuis 1984.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.