Dimanche 25 février 2024 à 19h48
Doha, 25 fév 2024 (AFP) — Un ressortissant autrichien d'extrême droite, qui s'était rendu en 2023 en Afghanistan pour prouver que le pays était sûr et qu'il était possible d'y renvoyer des réfugiés, a été libéré dimanche après neuf mois de détention dans ce pays.
Herbert Fritz, 84 ans, un ancien enseignant et militant néonazi se présentant comme un "expert de l'Afghanistan", selon le quotidien autrichien Der Standard, est arrivé au Qatar après avoir été libéré par les autorités talibanes.
Il avait été arrêté en mai, soupçonné d'espionnage d'après le média autrichien, après avoir défié la mise en garde de l'Autriche contre tout voyage en Afghanistan, retourné en 2021 sous le joug des talibans, tenants d'une interprétation ultra-rigoriste de l'islam et dont le gouvernement n'est reconnu par aucun pays au monde.
"Je pense que ce n'était pas de chance, mais je veux y retourner", a-t-il déclaré aux journalistes à son arrivée à Doha, interrogé sur sa détention. "Il y avait des gens gentils mais aussi des gens idiots, je suis désolé", a-t-il ajouté en décrivant ses ravisseurs.
Les autorités autrichiennes ont remercié le Qatar d'avoir contribué à la libération de M. Fritz et ont indiqué qu'il pourrait recevoir des soins médicaux à Doha avant de prendre l'avion pour l'Autriche.
Les ministères de l'Intérieur et des Affaires étrangères du gouvernement taliban n'ont pas répondu à une demande de commentaire.
Selon Der Standard, l'un des "loisirs" de M. Fritz était d'aller dans des endroits "dangereux", notamment en Afghanistan dans les années 1980 et dans l'est de l'Ukraine ces dernières années.
Tentant de prouver que l'Afghanistan est sûr, il s'y est rendu et a publié un article intitulé "Vacances avec les talibans" dans un média d'extrême droite.
Ce récit de voyage avait pour objectif de légitimer l'expulsion de réfugiés ou de demandeurs d'asile afghans vers leur pays d'origine, selon Der Standard.
Il a été arrêté peu après, affirme le quotidien autrichien.
D'après les médias autrichiens, M. Fritz a également rencontré dans le passé le chef historique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Abdullah Öcalan, arrêté il y a 25 ans et emprisonné en Turquie.
Il se serait aussi rendu en Syrie pour rencontrer des combattants des Unités de protection du peuple (YPG), principale composante des Forces démocratiques syriennes (FDS) alliées des Etats-Unis et qui ont établi une administration autonome kurde dans les zones qu'elles contrôlent dans le nord et l'est du pays.
La Turquie considère les YPG comme une branche du PKK, organisation classée terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.