Lundi 6 février 2023 à 11h39
Diyarbakir (Turquie), 6 fév 2023 (AFP) — Un séisme de magnitude 7,8 a frappé lundi le sud de la Turquie et la Syrie voisine, tuant plus de 1.000 personnes dans les deux pays et provoquant de très importants dégâts, les secousses ayant été ressenties jusqu'en Egypte et en Irak.
Dans le nord de la Syrie, près de 500 personnes ont perdu la vie et plus d'un millier d'autres ont été blessées, selon des bilans provisoires communiqués par un média d'Etat et des secouristes en zone rebelle.
En Turquie, où se situe l'épicentre du séisme, au moins 912 personnes ont été tuées et plus de 5.385 blessées, dans sept différentes provinces, d'après les données communiquées par le président turc Recep Tayyip Erdogan qui a fait état de 2.818 immeubles effondrés.
"Ma soeur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris", a raconté à l'AFP Muhittin Orakci qui attendait les opérations de secours devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.
"Sa soeur est toujours sous les débris", a indiqué une femme en montrant une autre victime qui pleure à Diyarbakir.
Le bilan risque d'évoluer rapidement compte tenu du nombre d'immeubles effondrés dans les villes touchées, comme à Adana, Gaziantep, Sanliurfa, Diyarbakir notamment.
A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l'effet du séisme, survenu en pleine nuit à 4H17 locales (1H17 GMT), selon l'institut sismologique américain USGS, à une profondeur d'environ 17,9 kilomètres.
L'épicentre se situe dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d'oiseau de la frontière syrienne.
Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17.000 personnes, dont un millier à Istanbul.
50 répliques ont été enregistrées en Turquie, selon l'Afad.
- Intempéries -
Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.
"Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres", a déclaré un secouriste dépêché devant un immeuble détruit de Diyarbakir, selon des images diffusées sur la chaîne NTV.
Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.
Plus au sud, toujours selon NTV, la citadelle byzantine de Gaziantep, érigée au 6e siècle, s'est partiellement effondrée.
En Syrie, le séisme a provoqué des scènes de panique, les habitants se sont ruant dehors, à pied ou en voiture, malgré les pluies torrentielles, ainsi qu'au Liban voisin où les secousses ont été fortement ressenties.
- Aide internationale -
Le président turc, dont la réaction à ce drame sera très probablement suivie à la loupe avant l'élection du 14 mai qui s'annonce très serrée, a appelé à l'union nationale.
"Nous espérons que nous sortirons de cette catastrophe ensemble le plus rapidement possible et avec le moins de dégâts possible", a-t-il tweeté.
L'Union européenne, dont de nombreux Etats membres ont offert leur aide aux populations des régions dévastées, a commencé à envoyer des équipes de secours.
"Nous suivons, bouleversés, les nouvelles du séisme dans la région frontalière entre la Turquie et la Syrie. Le nombre de morts ne cesse d'augmenter. Nous pleurons avec les familles et tremblons pour les personnes ensevelies", a tweeté le chancelier allemand Olaf Scholz.
Les Etats-Unis, la Russie, Israël et l'Ukraine ont également offert leur aide.
L'Azerbaïdjan, pays frère de la Turquie, a annoncé l'envoi immédiat de 370 secouristes, selon l'agence officielle turque Anadolu.
- Gazoducs -
Les autorités syriennes ont fait état de "326 morts et 1.042 blessés" dans l'effondrement d'habitations et 648 blessées dans plusieurs villes dont Alep (nord), deuxième cité de Syrie. Des victimes ont également été recensées à Hama (centre) ainsi que Lattaquié et Tartous, sur la côte méditerranéenne.
Dans les régions tenues par les rebelles, proches de la Turquie, ce sont les Casques blancs, des secouristes qui se mobilisent dans ces zones, qui ont recensé le nombre de victimes.
"Cent quarante-sept civils sont morts et plus de 340 blessés selon un bilan provisoire, dans la province d'Idleb et les environs d'Alep", dans le nord du pays, ont annoncé les Casques blancs sur Twitter, ajoutant s'attendre à une "hausse importante" du nombre de victimes, "des centaines de familles se trouvant encore sous les décombres".
En Turquie, le maire de la ville d'Adana, Zeydan Karalar, a déclaré que deux immeubles de 17 étages et 14 étages avaient été détruits, selon la chaîne TRT.
Treize personnes ont été tuées dans la province d'Adiyaman, a annoncé le vice président Fuat Oktay faisant état d'une centaine de bâtiments effondrés.
Au moins 47 personnes ont été tuées et 550 autres blessées dans la province de Malatya, selon l'AFAD.
A Gaziantep, 80 personnes ont péri et 600 personnes ont été blessés. 581 bâtiments se sont effondrés dans la province.
Les gazoducs alimentant la région ont aussi été touchés et les provinces de Hatay, Kahramanmaras et Gaziantep sont privés de gaz a affirmé l'organisme public Botas.
Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, ont également été ressenties au Liban et à Chypre, selon des correspondants de l'AFP, ainsi qu'au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk, mais aucune victime n'a été signalée.
La Turquie est située sur l'une des zones sismiques les plus actives du monde.
Fin novembre, un tremblement de terre de magnitude 6,1 a frappé le nord-ouest de la Turquie, faisant une cinquantaine de blessés et des dégâts limités, selon les services de secours turcs.
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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.