Mercredi 8 octobre 2014 à 16h38
Beyrouth, 8 oct 2014 (AFP) — L'YPG ou les Unités de protection du peuple kurde, est la milice kurde dont les combattants résistent avec acharnement à Kobané pour empêcher leur ville du nord de la Syrie de tomber aux mains des jihadistes du groupe Etat islamique.
- Qu'est ce que l'YPG?
L'YPG sont les initiales en kurde de Yekineyen Parastina Gel, où en français les Unités de protection du peuple kurde. Elle est l'unique milice kurde dans les régions où cette ethnie est majoritaire, dans le nord et le nord-est de la Syrie.
Il s'agit du bras armé du plus puissant parti politique kurde, le Parti de l'Union démocratique (PYD).
Selon Wladimir van Wilgenburg, analyste à la Jamestown Foundation aux Etats-Unis, l'YPG a été constitué en 2004, après des manifestations contre le gouvernement syrien. Mais son existence a été rendue publique officiellement en juillet 2012 avec son logo.
Cette annonce a coïncidé avec le retrait des troupes gouvernementales des régions à majorité kurde en Syrie, et l'YPG est devenu de fait l'armée kurde en Syrie.
Cette milice patrouille à la "frontière" des régions kurdes, établit des points de contrôle et jouent un rôle essentiel dans la résistance à l'offensive des jihadistes, supérieurs en armes et en combattants, notamment dans la défense de Kobané, la troisième ville kurde du pays.
- Qui soutient l'YPG?
Les experts et des pays de la région, dont la Turquie, affirment que le PYD et l'YPG sont liés au PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) qui mène depuis 1984 une lutte armée en Turquie pour le droit à l'autodétermination.
Si le PYD et l'YPG nient tout lien direct avec ce parti, considéré comme "organisation terroriste" en Turquie et en Occident, ils vénèrent profondément le chef du PKK Abdullah Ocalan, emprisonné en Turquie depuis 1999.
"La majorité des commandants de haut niveau de l'YPG ont été entrainés dans des camps du PKK du nord de l'Irak, dans les monts Qandil", assure à l'AFP Maria Fantappie, une experte de l'Irak et des affaires kurdes à l'International Crisis Group (ICG).
Wladimir van Wilgenburg est plus catégorique. Pour lui, "l'YPG est la branche armée du PKK en Syrie".
La Turquie considère aussi l'YPG comme la branche du PKK et juge "dangereuses" ses actions en faveur de l'autonomie.
- Quelles sont les relations de l'YPG avec les rebelles et le régime?
Le retrait des forces gouvernementales des régions kurdes à la mi-2012 a suscité des accusation de collaboration entre le PYD/YPG et le régime syrien.
Les forces kurdes ont eu en outre des relations tendues avec l'opposition syrienne et les rebelles étaient furieux du refus des forces kurdes de les laisser combattre le régime à partir de leurs régions.
Pour les experts, les relations entre les Kurdes et le régime ne sont pas une alliance mais plutôt une entente stratégique qui permet à l'armée syrienne de se battre sur d'autres fronts tandis que les Kurdes se focalisent sur leur autonomie.
Les combattants kurdes n'ont combattu avec les rebelles que dans des secteurs limités et, en général, l'opposition regarde les Kurdes avec suspicion, leur reprochant d'accorder la priorité à leur autonomie plutôt qu'au renversement du régime.
- Quels sont les moyens de l'YPG?
L'ICG a indiqué récemment que l'YPG payait 150 dollars par mois à environ 25 à 30.000 combattants, bien que les experts reconnaissent qu'il n'y a pas de statistiques sur l'importance de cette force.
Dans son rapport, l'ICG assure que les combattants kurdes reçoivent un entraînement de trois mois dans neuf camps dispersés dans les trois régions à majorité kurde en Syrie.
Hommes et femmes combattent ensemble mais à Kobané ce sont des familles entières qui défendent leur ville les armes à la main face aux jihadistes.
Les forces de l'YPG à Kobané assurent ne disposer que d' armes légères face aux armes lourdes que l'EI a récupérées dans les bases militaires en Syrie et en Irak.
Cependant, il semble que la milice kurde possède quelques armes lourdes et tanks pris à d'autres groupes armés en Syrie ainsi qu'à l'armée syrienne.
Quant aux fonds, le groupe prélève des taxes dan les région sous son contrôle et bénéficie du soutien financiers du PKK, qui possède un réseau de donateurs en Europe, en Turquie et dans la diaspora kurde, selon les experts.
Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.