Des affrontements vendredi entre l'armée turque et les rebelles kurdes du PKK ont fait une quarantaine de morts dans l'est de la Turquie, aux confins des frontières iranienne et irakienne.
L'armée a annoncé que ces combats, dans la région de Semdinli, avaient fait 15 morts dans ses rangs tandis que les médias turcs font état d'au moins 23 tués dans ceux du mouvement de guérilla séparatiste kurde.
Pour l'armée turque, il s'agit d'un des plus lourds bilans enregistrés cette année dans la lutte contre le PKK, et la pression devrait s'accentuer envers le Premier ministre Tayyip Erdogan pour qu'il lance des représailles.
L'état-major turc a indiqué que deux soldats étaient portés disparus, et qu'une opération de recherche et sauvetage avait été lancée pour les retrouver.
Un correspondant Reuters se trouvant du côté turc de la frontière a vu des hélicoptères de combat et des chasseurs F-16 turcs survoler samedi le secteur. Des soldats des forces spéciales ont également été déployés.
Les attaques lancées d'Irak en Turquie par des combattants du PKK, ainsi que les ripostes turques en territoire irakien, ont tendu les relations entre Ankara et Bagdad, où le porte-parole du gouvernement irakien a appelé la Turquie à réagir avec "sagesse et mesure".
L'Otan et l'Union européenne ont également condamné l'attaque lancée par le PKK.
Erdogan a écourté samedi une visite officielle au Turkménistan afin de présider en Turquie à une réunion d'urgence.
"La lutte contre le terrorisme se poursuivra avec la même détermination qu'auparavant", a-t-il assuré à Achgabat.
Le parlement turc devrait approuver ce mois-ci une demande du gouvernement visant à prolonger le mandat l'autorisant à intervenir militairement dans le nord de l'Irak, qui expire le 17 octobre.
Les combats de vendredi constituent le premier grand défi rencontré par le nouveau chef d'état-major de l'armée turc, le général Ilker Basbug, entré en fonction au mois d'août.
Ce dernier a souligné que, si les opérations militaires contre le PKK allaient assurément se poursuivre, il convenait également de pacifier le sud-est de la Turquie par des mesures socio-économiques.
Erdogan a annoncé un programme d'investissement de 12 milliards de dollars en cinq ans pour la région, afin d'y améliorer le niveau de vie et de réduire le soutien local au PKK.
Le PKK est considéré par les Etats-Unis et l'Union européenne comme un groupe terroriste, et la Turquie lui attribue la mort de plus de 40.000 personnes depuis le lancement de son combat pour un Kurdistan autonome, en 1984.
Version française Gregory Schwartz et Marc Delteil