HALABJA, Irak (Reuters) - Pour protester contre une pénurie de services locaux, des centaines de manifestants kurdes ont incendié le mémorial consacré à l'attaque au gaz menée en 1988 à Halabja, au Kurdistan irakien
Ce mouvement de colère est intervenu le jour du 18e anniversaire du gazage par le régime de Saddam Hussein de quelque 5.000 Kurdes dans cette localité située à 260 km au nord-est de Bagdad. Selon un médecin d'Halabja, un homme de 19 ans a été tué et huit autres personnes ont été blessées lorsque les forces de sécurité kurdes ont ouvert le feu sur des manifestants qui prenaient d'assaut et incendiaient le mémorial, un musée d'un étage en forme de cercle. Immédiatement après l'émeute, les forces de sécurité kurdes ont bouclé la localité emblématique des atrocités commises contre la population civile par le régime de l'ancien "raïs" et confisqué les images prises par les journalistes. Selon des témoins, des tirs ont éclaté alors que des manifestants furieux du manque de services locaux huaient des responsables kurdes qui prononçaient des discours à l'occasion de la commémoration. LES PAYS VOISINS MONTRES DU DOIGT Au même moment, les principaux dirigeants kurdes se trouvaient au Parlement de Bagdad issu des élections législatives du 15 décembre pour sa séance inaugurale. Le président de l'assemblée sortante, Hadjem al Hassani, a demandé une minute de silence à la mémoire des victimes du gazage d'Halabja. Les troubles d'Halabja risquent de mettre dans l'embarras les responsables kurdes, qui sont parvenus à préserver la stabilité de leur région du Nord pendant que les violences interconfessionnelles se déchaînent ailleurs en Irak. "Les autorités kurdes ont exploité l'attaque d'Halabja pour attirer l'attention du monde sur les malheurs des Kurdes et drainer de l'argent qui ne nous est jamais parvenu", a expliqué à l'agence Reuters un manifestant en colère. La population d'Halabja, qui se plaint du piteux état de nombreux bâtiments de la localité et d'un approvisionnement insuffisant en eau et en électricité, s'était réunie mardi pour décider d'interdire la présence de responsables officiels à la cérémonie du 18e anniversaire. Le représentant des autorités kurdes dont la présence a mis le feu aux poudres mercredi, Chahou Mohamed Saïd, a pour sa part imputé la responsabilité des troubles aux pays voisins de l'Irak, l'Iran et la Turquie, sans les citer nommément.