Des réfugiés kurdes iraniens relogés dans le nord de l'Irak

ERBIL (Irak), 15 nov 2005 (AFP) - 17h10 - Des réfugiés kurdes iraniens, oubliés de la guerre Irak-Iran (1980-1988), ont été relogés dans le nord de l'Irak après avoir fui l'insécurité et la misère d'un camp précaire de la province sunnite d'Al-Anbar.

"Certaines familles ont fui le camp de Tach, à la frontière entre l'Irak et la Jordanie, sans que les Nations unies le sachent", indique un responsable kurde, Dindar Zebari.

"Elles ont rejoint la province de Soulaimaniyah" (nord), contrôlée par l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) du président irakien Jalal Talabani, et "ont été installées dans la région", ajoute ce responsable chargé de la coordination avec les organisations internationales pour le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de l'autre chef kurde, Massoud Barzani.

D'autres réfugiés ont été envoyés à Erbil, une autre province du nord du pays, où un camp a été ouvert le 10 novembre pour les accueillir.

"Au total, 350 personnes venant de Tach ont été placées dans un camp appelé Kawa", au sud de la ville d'Erbil, la capitale administrative du Kurdistan d'Irak, située à 350 km au nord de Bagdad, déclare le même responsable.

Dans le camp de toile situé dans une plaine au sud d'Erbil, 84 personnes ont se sont installées dans des tentes fournies par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR).

"A cause de la dégradation des conditions de sécurité en Irak depuis la chute du régime de Saddam Hussein en avril 2003, notre vie à Tach s'est transformée en enfer", raconte l'un des nouveaux arrivés.

"En deux ans, une vingtaine de réfugiés ont été tués par des hommes armés et les habitants du camp n'ont pas été épargnés par les descentes de l'armée américaine", affirme Askar Wali, 29 ans.

"Quatre personnes sont toujours détenues dans la prison d'Abou Ghraïb, à l'ouest de Bagdad. On les soupçonne d'avoir été impliquées dans des violences", ajoute ce réfugié.

"Nous avons aussi été la cible d'hommes armés qui n'ont pas hésité pas à nous dépouiller de nos maigres biens et j'ai perdu un oeil dans une explosion à Ramadi (capitale de la province d'Al-Anbar) où je m'étais rendu à la recherche d'un travail", renchérit un autre réfugié de 25 ans, Ahmed Mahmoud.

Ces deux réfugiés faisaient partie des milliers de Kurdes iraniens qui ont fui le conflit entre l'Irak et l'Iran. Ils ont été installés par le régime de Saddam Hussein dans le nord de l'Irak.

Après la chute du président irakien, certains ont regagné l'Iran, tandis que d'autres ont vainement tenté de se rendre en Jordanie, mais sont restés coincés à la frontière, dans le désert qui sépare les deux pays.

Pour empêcher toute agression contre les réfugiés, la police du PDK a installé un poste à l'entrée du nouveau camp, près d'Erbil.

"Le poste a été ouvert dès l'ouverture du camp pour protéger les personnes qui sont ici et résoudre les conflits qui peuvent surgir entre elles", a affirmé un policier Mamend Hussein Khadr.

Selon le responsable kurde, Dindar Zebari, les Etats-Unis et le HCR ont aidé l'installation au Kurdistan des réfugiés iraniens qui ont fui la province d'Al-Anbar.

"La décision de les installer ici a été motivée par des considérations humanitaires et a été approuvée par le Conseil des ministres" à Bagdad, assure-t-il.

Dans le nouveau camp, beaucoup de réfugiés rêvent de trouver refuge dans un pays d'Europe, à l'instar de 220 d'entre eux qui ont quitté le camp de Tach pour la Suède après que le gouvernement de Stockholm eut accepté en décembre dernier de les accueillir.

Pour le moment, les autorités kurdes d'Irak disent avoir l'intention d'en installer 2.000 dans la province d'Erbil et 1.500 dans celle de Soulaimaniyah.