Congrès de parti DTP
Des partisans du seul parti politique kurde autorisé en Turquie scandent des slogans favorables au Parti des Travailleurs du Kurdistan, un mouvement séparatiste interdit, lors du congrès de leur parti, à Ankara. ( Reuters/Umit Bektas)
Lexpress.fr
Reuters, ANKARA - Des partisans du seul parti politique kurde autorisé en Turquie ont scandé dimanche des slogans favorables au Parti des Travailleurs du Kurdistan, un mouvement séparatiste interdit, lors du congrès de leur parti, à Ankara, a rapporté un correspondant de Reuters.
L'incident s'est produit lors d'une convention du Parti de la société démocratique (DTP), poursuivi en justice pour des liens présumés avec le PKK. Il risque de compliquer les efforts déployés par la Turquie pour mettre en oeuvre des réformes répondant aux revendications de la communauté kurde et mettre un terme à un conflit armé qui dure depuis un quart de siècle.
Le Premier ministre Tayyip Erdogan, qui cherche à parvenir à un règlement avec les hommes politiques kurdes, a assoupli la position d'Ankara envers le DTP. Mais l'incident de dimanche pourrait accentuer les pressions sur le DTP pour qu'il prenne ses distances avec le PKK, lequel réclame la création d'une patrie kurde dans le sud-est de la Turquie.
Le DTP se défend d'entretenir des liens avec le PKK, considéré par la Turquie, l'Union européenne et les Etats-Unis comme une organisation terroriste, mais il s'est refusé à condamner les violences perpétrées par le PKK.
Jeudi, les généraux turcs ont mis fin à un boycottage du Parlement, qui durait depuis deux ans, en assistant à la cérémonie de rentrée parlementaire, ce qui a été interprété comme un geste conciliant à l'adresse du DTP.
Les responsables militaires avaient promis de ne pas siéger "sous le même toit" que des députés du DTP tant qu'ils ne condamneraient pas la violence et ne réclameraient pas le démantèlement du PKK.
Un correspondant de Reuters a pu voir dimanche, au congrès du DTP, un groupe d'une vingtaine de sympathisants de ce parti scander des slogans en faveur du PKK et brandir des portraits d'Abdullah Oçalan, chef emprisonné du PKK.
Le gouvernement et l'armée excluent que le PKK puisse jouer un rôle quelconque dans le processus de réformes que les autorités veulent engager pour étendre les droits politiques et culturels de la minorité kurde.
Ce processus de réformes est considéré comme vital dans le cadre de la demande d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne.
Le DTP réclame de son côté au gouvernement des initiatives plus ambitieuses, et notamment une amnistie, pour convaincre le PKK de déposer les armes.
"Résoudre le problème kurde implique une prise de risques. Nous soutiendrons le processus si des mesures sincères sont prises, mais si la solution au problème est seulement reportée, alors nous nous opposerons au processus", a déclaré le président du DTP, Ahmet Turk, aux membres du parti.
Le parti AK d'Erdogan, qui plonge ses racines dans l'islamisme et est parvenu au pouvoir en 2000, a pris certaines mesures pour étendre les droits des quelque 12 millions de Kurdes que compte la Turquie.