Les Niçois, et avec eux tous les Français, se félicitent de l'inscription de Nice dans la liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO. Les Kurdes ont eu aussi la joie de voir l'UNESCO inscrire sur sa liste du Patrimoine mondial deux nouveaux sites situés au Kurdistan.

1er site : les paysages naturels et culturels de Hawraman

Hawraman est une vaste région située au cœur la chaine des monts du Zagros à cheval sur le Kurdistan iranien et irakien. Dans cet espace protégé et d'accès difficile, à l'abri des routes de grandes invasions, s'est développé au fil des millénaires un mode de vie, des traditions culturelles, artistiques, religieuses, architecturales riches et originales, une harmonie remarquable entre les hommes, le monde animal et la nature.

Ses villages et ses jardins soignés en terrasse à flancs de montagne, ses caractéristiques architecturales, ses musiques à rythmes vifs et entrainants, ses costumes traditionnels, ses festivals de Pîrê Shalyar et de Newroz font de ces vallées situées entre les provinces kurdes iraniennes du Kurdistan et de Kermanshan un trésor culturel resté à ce jour à l'écart du tourisme, des guerres et des "bâtisseurs" bétonneurs.

L'Institut kurde a organisé plusieurs exposition de photographies pour faire connaître ce trésor en France. (la dernière du 27 au 31 juillet 2019 à Paris)

L'UNESCO, sur la proposition de l'Iran, vient d'inscrire ce site d'une "valeur culturelle exceptionnelle" sur sa liste du Patrimoine mondial.

2ème site : Girê Melîdê (dit Arslantepe Mound)

Situé à environ 12 km de la rive droite de l'Euphrate, dans la riche et fertile plaine de Malatya, Girê Melîdê, "la colline de Melîd", nom antique et kurde de Malatya, ce monticule a été, lui aussi victime de la turquisation forcée des noms géographiques et historiques des lieux occupés par les Turcs qui l'appellent Arslantepe, la Colline de Lion.

C'est dans cette même logique de conquistador qu'ils ont donné au site de Girê Mirazan, la Colline des Vœux, près de l'antique Edesse, où l'on a récemment découvert un temple vieux de 12.000 ans, le ridicule nom de Göbelkli Tepe, la Colline pansue.

De même, la ville balnéaire chypriote de Varosha est, depuis l'occupation turque de 1974, appelée Marash, nom d'une ville de Turquie.

Le site de Girê Melîdê, qui s'étend sur environ 4,5 hectares, couvre des strates de plusieurs millénaires d'histoire dont la plus ancienne remonterait au 6e millénaire avant J.-C.. Ses couches archéologiques successives témoignent de la formation progressive d'un proto Etat ou de ville Etat selon l'Unesco. C'est sur ce site qu'a été fondée la ville néo-Hittite de Malitiya. Appelée Melid, Meliddu ou Meleteya dans les sources néo-assyriennes et ourartoues, la ville a été conquise par le roi assyrien Sargon II en 712 avant J.-C. Plus tard, sous les empires romain et byzantin cette vieille ville a été progressivement abandonnée et utilisée comme cimetière. La ville de Malatya s'est développée sur son site actuel.

Malatya est célèbre par ses vergers luxuriants, notamment par ses abricotiers, ses pommiers et ses cerisiers. Jusqu'au génocide de 1915, elle abritait une importante communauté arménienne aux côtés de la population kurde vivant surtout dans les villages et d'une  petite minorité turque.

En distinguant ce site l'UNESCO évoque "sa valeur exceptionnelle de témoignage sur la formation des tout premiers États en Haute Mésopotamie".

Autres sites kurdes figurant sur la  liste du Patrimoine mondial de l'UNESCO

- Hewlêr / Erbil et sa citadelle, capitale du Kurdistan irakien, ancienne Arbèle, ville des "Quatre Dieux" de l'Antiquité dont la forteresse et la cité humaine la plus ancienne qui soit habitée sans discontinuité depuis six mille ans.

- Diyarbakir et ses jardins Hewsel, capitale politico-culturelle du Kurdistan de Turquie.

- Çiyayê Nemrûd / Nemrud Dag / Semsür (Adyaman)

- Girê Miraza / Göbekli Tepe / Urfa (Edesse)