Recep Tayyip Erdogan, le 1er février 2021, à Ankara.
ADEM ALTAN / AFP
Le Monde avec AFP
Ces attaques surviennent trois jours après l’action d’étudiants qui avaient accroché dans leur université un tableau représentant un site sacré de l’islam orné de drapeaux arc-en-ciel, un geste qualifié par certains d’« incitation à la haine ».
Deux jours après l’arrestation de quatre étudiants accusés d’avoir accroché dans leur université un tableau représentant un site sacré de l’islam orné de drapeaux arc-en-ciel, Recep Tayyip Erdogan s’en est pris avec virulence, lundi 1er février, au mouvement LGBT. Le président turc l’a accusé de « vandalisme » et a déclaré que la jeunesse de son parti n’y adhérait pas.
« Nous allons mener vers l’avenir non pas une jeunesse LGBT, mais une jeunesse digne de l’histoire glorieuse de cette nation », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Ankara destiné aux cadres de son parti islamo-conservateur, l’AKP. « Vous ne faites pas partie de la jeunesse LGBT. Vous n’êtes pas de ces jeunes qui commettent des actes de vandalisme. Au contraire, vous êtes ceux qui réparent les cœurs brisés », a-t-il ajouté.
Ces propos surviennent donc au surlendemain de l’arrestation des quatre étudiants accusés d’« incitation à la haine ». Deux d’entre eux ont été assignés à résidence et deux autres sont encore en détention. Les autorités affirment que ce tableau représentait de manière irrespectueuse la Kaaba, un édifice cubique datant du VIIe siècle au centre de la cour de la grande mosquée de la Mecque. Elle est le lieu le plus sacré de l’islam.
Le ministre de l’intérieur, Süleyman Soylu, a provoqué un tollé samedi en déclarant dans un tweet, inaccessible en France, que « quatre détraqués LGBT » avaient été arrêtés.
La Turquie est l’un des rares pays musulmans où l’homosexualité n’est pas réprimée par la loi. En revanche, l’homophobie et la transphobie y sont répandues et les associations LGBT font régulièrement état d’agressions et de discriminations.
Le tableau avait été accroché, vendredi 29 janvier, en face du bureau du recteur pro-Erdogan de la prestigieuse université du Bosphore, Melih Bulu, alors que plusieurs manifestations ont eu lieu ces dernières semaines pour appeler à sa démission. La nomination de M. Bulu, une personnalité extérieure à l’université qui avait tenté en 2015 de briguer un mandat de député sous les couleurs du parti de M. Erdogan, a provoqué la consternation.
Quelques dizaines d’étudiants se sont de nouveau rassemblés lundi devant le campus, où plusieurs centaines de policiers avaient été déployés, pour protester contre le recteur et soutenir les étudiants arrêtés, d’après un reporter de l’Agence France-Presse. Au moins deux manifestants ont été interpellés. Le collectif Solidarité avec Bogazici et un député d’opposition ont publié sur Twitter des vidéos montrant l’arrestation de dizaines d’étudiants emmenés dans des cars de police. Le président turc a accusé certains des manifestants d’être des « terroristes ».