Erdogan regrette la mort de 35 contrebandiers kurdes

mis à jour le Jeudi 29 decembre 2011 à 12h14

LEMONDE.FR avec AFP

Le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, a regretté, vendredi 30 décembre, la mort mercredi soir, à la suite d'un raid de l'aviation turque, de 35  jeunes contrebandiers kurdes confondus avec des séparatistes kurdes à la frontière turco-irakienne. Il a promis une enquête approfondie sur ce raid et a présenté ses condoléances aux proches des victimes.

Peu avant, les rebelles kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont appelé la population kurde de Turquie au "soulèvement". "Nous appelons le peuple du Kurdistan, en particulier à Hakkari et Sirnak [deux provinces voisines de l'Irak], montrer sa réaction contre ce massacre et à demander des comptes à ses auteurs par ses soulèvements", a déclaré Bahoz Erdal, un des cadres de la branche armée du PKK, le HPG.

Selon les autorités locales, les défunts, originaires des hameaux voisins d'Ortasu et de Gülyazi, étaient pour la plupart des jeunes, qui faisaient de la contrebande de cigarettes entre l'Irak et la Turquie avec des mules et des ânes. Les corps des 35 défunts devaient être enterrés en fin de matinée dans un nouveau cimetière créé pour eux entre Ortasu et Gülyazi.

CHASSEURS F16

L'armée a rapporté que ses avions avaient opéré des frappes après avoir repéré des activistes présumés du PKK dans le secteur au moyen de drones. "Malheureusement, il n'est pas possible de déterminer qui est qui à partir de ces images prises par des drones. Elles montraient un groupe de 40 hommes près de la frontière, a dit Erdogan en notant que le PKK avait eu recours à des trafiquants et à des mules pour lancer des attaques dans le passé. Nos chasseurs F16 ont en conséquence bombardé la zone."

Cette attaque compromet les efforts du premier ministre pour nouer le dialogue avec les Kurdes sur l'élaboration d'une nouvelle Constitution censée répondre aux griefs qu'exprime depuis longtemps cette minorité. Quelque 500 manifestants se sont rassemblés vendredi à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, pour protester contre les effets du raid. Certains ont brièvement affronté les forces de sécurité kurdes, mais on n'a pas signalé de blessés.

Selahattin Demirtas, chef du BDP (Parti pour la paix et la démocratie), principale formation pro-kurde de Turquie, a quant à elle, dénoncé un "massacre", assurant que l'ensemble des victimes étaient des civils. Il a exhorté la population kurde à réagir "par des voies démocratiques".

L'armée turque fait face depuis l'été à une flambée de violence du PKK qui utilise ses bases arrière dans le nord de l'Irak, pays voisin, pour lancer des attaques contre des objectifs en territoire turc, près de la frontière.