Esclaves de Daech - Le destin des femmes yézidies

mis à jour le Mardi 5 février 2019 à 18h05

Arte.tv

Deux femmes yézidies réduites en esclavage sexuel par Daech en Irak livrent leur terrible témoignage, dans l’espoir que justice soit rendue. Bouleversant et courageux.

À l’été 2014, les yézidis se retrouvent au centre de l’attention internationale, quand l’État islamique prend Sinjar, principale ville de cette minorité monothéiste kurdophone, située dans le nord-ouest de l’Irak, près de la frontière syrienne. Là et dans les villages alentour, Daech a perpétré des crimes épouvantables, jetant sur les routes des dizaines de milliers de personnes, assassinant les hommes et réduisant les femmes à l’esclavage sexuel. Deux victimes, Dalal et Lewiza, ont accepté de raconter à visage découvert leur sort tragique face à la caméra de l’écrivain, avocat et réalisateur franco-britannique Philippe Sands, spécialisé dans la défense des droits de l’homme. Enlevées avec d’autres femmes et jeunes filles de leur famille, vendues puis revendues comme esclaves sexuelles, elles sont parvenues à fuir leurs ravisseurs après plusieurs mois de captivité. Dans une communauté où le viol déshonore celles qui en sont victimes et entraîne leur exclusion, ces deux témoignages se révèlent d’autant plus courageux et précieux que des dizaines de femmes yézidies abusées ont préféré se donner la mort plutôt que d’être reniées.

Procès pour génocide
Avec le concours de Jan Ilhan Kizilhan, psychologue allemand et yézidi, un millier de femmes victimes de violences sexuelles en Irak et en Syrie sont accueillies dans le Land allemand du Bade-Wurtemberg. Parmi elles, Dalal et Lewiza réapprennent à vivre, portées par l'espoir que, notamment grâce à leur témoignage, justice soit rendue. Dans ce documentaire d’une rare intensité, coréalisé avec David Evans, Philippe Sands porte jusqu’à la Cour pénale internationale (CPI) le récit des atrocités subies par les deux jeunes femmes, avec pour but la tenue d’un procès international. À terme, le calvaire des femmes yézidies pourrait être qualifié de génocide, le viol systématique étant reconnu comme tel et l’esclavage sexuel, comme un crime contre l’humanité. Dans l’attente d’une telle issue, le film nous immerge dans le quotidien de Dalal et Lewiza, femmes à l’incroyable force de caractère, chacune tentant de surmonter son traumatisme et de s’intégrer dans un pays inconnu, si loin des quelques membres rescapés de leurs familles. Une lueur d’espoir apparaît quand, pour la première fois dans l’histoire de la communauté yézidie, le grand prêtre, qui représente l’instance suprême, s’emploie à réformer la tradition afin que les femmes violées ne soient plus rejetées par leurs familles, offrant ainsi un possible avenir à ces vies brisées.

Entretien avec Jan Ilhan Kizilhan

Thomas Kausch reçoit le psychologue Jan Ilhan Kizilhan, qui dirige en Allemagne un programme d'aide destiné à 1 100 femmes yézidies et chrétiennes, victimes de l'Etat islamique. Ils aborderont les problématiques auxquelles ces femmes sont confrontées, et ce qui est mis en œuvre pour les aider à surmonter leurs traumatismes.