- 7 juin 2006
Au lendemain du discours de M. Sarkozy, l'expulsion d'une famille kurde au Mans suscite l'émotion
Au lendemain d'une annonce de régularisation au cas par cas d'élèves sans papiers scolarisés et de leur famille, deux enfants kurdes de nationalité turque et leur mère, déboutée du droit d'asile et résidant au Mans, ont été expulsés vers 11 h 30 de Roissy vers la Norvège, où la mère avait déposé sa première demande d'asile.
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"HUMAINEMENT INACCEPTABLE"
"Un régime dans lequel la police va chercher les enfants à l'école, et dans lequel la police n'hésite pas à exécuter des ordres choquants et inhumains, ne relève plus des valeurs démocratiques", a affirmé Richard Moyon, porte-parole du Réseau éducations sans frontières (RESF). "Même s'il n'y a pas eu de violence, on aurait pu attendre la fin de la classe. On aurait pu être plus adroit", a estimé Jean-Marie Geveaux, député UMP de la Sarthe, tandis que le maire PS du Mans, Jean-Claude Boulard, a jugé l'opération "humainement inacceptable". De son côté, la première fédération de parents d'élèves, la FCPE, a estimé que cette procédure était "une honte".
Mais le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, qui avait semblé mardi assouplir sa position avec les régularisations annoncées, a de nouveau tenu, mercredi, à l'Assemblée, un discours très ferme sur l'immigration clandestine. Il s'est retranché derrière une "application stricte de la convention de Dublin" de 1990 qui empêche un débouté du droit d'asile dans un pays de l'Union européenne, en Norvège ou en Islande, de déposer une demande dans un autre pays signataire. "Si vous donnez la nationalité française ou un visa de long séjour à toute famille dont les enfants sont inscrits à l'école, vous créez une nouvelle filière d'immigration légale que vous ne contrôlez plus", a-t-il martelé.
Pour le PS, "cette intervention montre bien que l'on ne peut faire confiance aux effets d'annonce du ministre de l'intérieur, dont les promesses de régularisation ne concernent qu'une infime partie des mineurs sans papiers scolarisés sur notre territoire".
Les associations avaient accueilli avec méfiance l'annonce de la régularisation de certaines familles sans papiers, jugeant cette mesure infime, de l'ordre "de 2 % des enfants sans papiers" et assortie de critères extrêmement restrictifs, notamment que l'intéressé soit né en France et ne parle pas la langue de ses parents. D'après les associations, entre 10 000 et 50 000 jeunes scolarisés sont menacés de reconduite à la frontière avec leur famille. "C'est cela la réalité de la politique de Sarkozy", a assuré M. Moyon. Avec AFP