Son premier film, « Un temps pour l'ivresse des chevaux », coupait littéralement le souffle : poignante équipée sauvage d'un petit contrebandier kurde entre Irak et Iran, il a obtenu, en 2000, la caméra d'or à Cannes.
- Mercredi 11 juillet 2007
Un vieux musicien kurde veut aller d'Iran en Irak pour donner un concert. Une équipée tragico-baroque, un jeune cinéaste irréductible.
Avec Ismaïl Ghaffari, Allahmorad Rashtyani
Son premier film, « Un temps pour l'ivresse des chevaux », coupait littéralement le souffle : poignante équipée sauvage d'un petit contrebandier kurde entre Irak et Iran, il a obtenu, en 2000, la caméra d'or à Cannes.
Depuis, Bahman Ghobadi a signé deux autres films, toujours sur son pays, le Kurdistan (iranien). L'avant-dernier, « Les tortues volent aussi », brossait un tableau quasi insoutenable d'un groupe d'enfants orphelins y survivant (pas toujours !) en ramassant des bombes pour les vendre. Plus burlesque, « Les Chants de ma mère » contaient les tribulations d'un vieux chanteur parti avec ses deux fils à la recherche d'une chanteuse à la voix magique. « Half Moon » semble en être la suite : le héros, Mamo, est à nouveau un très vieux musicien, embarqué cette fois dans un bus pourri avec ses dix fils, parfois sexagénaires, tous également musiciens, pour donner un concert au Kurdistan irakien. L'évènement est de taille : Mamo y était interdit depuis trente-cinq ans ! Mais la chute de Saddam Hussein n'a pas vraiment ramené la paix dans cette région frontalière et l'équipée s'avère périlleuse. Barrages armés, coups de feu, fouille musclée, arrestations, défections... La mort, annoncée en ouverture, est bien au bout de la route. Mais Bahman Ghobadi mêle si bien tragédie et humour, poésie et fantastique que cette farce un peu surréaliste n'a rien de sinistre. Un peu déroutante parfois pour le spectateur occidental, elle n'en prend pas moins, par la vigueur de sa dénonciation, valeur universelle. L'Iran ne s'y est pas trompé, qui l'a censurée.