À l’occasion du 40ème jour de la mort en garde-à-vue de Jina Mahsa AMINI, des milliers de personnes ont assisté dans sa ville natale de Saqqez à une cérémonie d’hommage marquant la fin de la période de deuil traditionnel.

Malgré l’interdiction de toute manifestation et des menaces graves contre la famille et les proches de la jeune martyre kurde, des milliers de personnes ont défié les forces de répression iraniennes.  La route reliant la place centrale de cette ville antique du Kurdistan d’environ100.000 habitants au cimetière, longue de 8 klm, était noire de monde. L’usage massif de gaz lacrymogène et des tirs des Gardiens de la Révolution, quadrillant depuis la veille toute la ville, n'ont pas pu dissuader les manifestants de crier le slogan féministe kurde désormais répandu dans tout l’Iran « Jin, Jiyan, Azadî »  (Femme, Vie, Liberté) et des mots d’ordre de rejet de la république islamique et de son « Guide » l’ayatollah Khamenei.

Ce même jour d’autres manifestations ont eu lieu dans de nombreuses villes iraniennes dont Téhéran et Mashhad, qui comptent d’importantes communautés kurdes, ainsi qu’à Ahvaz, capitale du Khouzistan, province iranienne à majorité arabe.

Les manifestations qui se déroulent depuis 40 jours un peu partout en Iran à la suite de la mort de Jina Mahsa AMINI contestent la légitimité du régime islamique dictatorial en place, dénoncent le sort inique réservé aux femmes et revendiquent un avenir de liberté et de démocratie pour les peuples d’Iran.

La répression brutale de ces manifestations a fait à ce jour au moins 141 morts dont une trentaine d’enfants selon l’ONG Iran Human Rights.  A cela s’ajoute une centaine de morts dans la province du Belouchistan, proche de la frontière afghane.  On compte plusieurs centaines de blessés et plus de 12.000 arrestations. 

La répression est particulièrement féroce au Kurdistan.  Dans plusieurs villes dont Mahabad, Saqqez et Sanandadj on signale de nombreux cas d’enlèvements et de viols de lycéennes par des miliciens Bassidji du régime.  L’accès de la région est interdit aux média et les connections internet sont coupées.

Des manifestations de solidarité ont lieu dans les principales capitales du monde.  Celle de Berlin, le 23 octobre, a rassemblé plus de 50.000 personnes, une grande majorité de Kurdes et d’Iraniens venant de plusieurs pays européens.

A Paris, dont Jina Mahsa AMINI est devenue citoyenne d’honneur à titre posthume, entre autres actions de solidarité, une exposition collective d’artistes aura lieu du jeudi 3 au lundi 14 novembre 2022 à l’International Art Gallery, au Village Suisse, 78 avenue de Suffren, 75015 Paris.

Vidéo de manifestation de Saqqez (Twitter)