Recep Tayyip Erdogan, à Ankara. Photo Adem Altan. AFP
Lejdd.fr
ALORS QUE LA RUSSIE de Vladimir Poutine multiplie les crimes de guerre en Ukraine, Recep Tayyip Erdogan, à l’ombre de l’émotion mondiale, envisage de lancer une énième offensive sanguinaire contre les Kurdes du nord de la Syrie. Aujourd’hui, il profite de son statut de pivot de l’Otan dans le cadre du conflit en Ukraine pour obtenir le blanc-seing de l’Alliance atlantique afin d’intensifier ses attaques dans le nord de la Syrie.
Dans les régions contrôlées par l’Administration autonome du nord et de l’est de la Syrie (Aanes), malgré les conditions effroyables dues à la guerre, les populations kurdes, arabes, assyro-chaldéennes, arméniennes et de toutes les ethnies vivent ensemble et essaient de s’organiser dans un système démocratique, féministe et écologique. Elles luttent pour construire la paix dans un dialogue permanent avec les populations.
En 2019 déjà, Erdogan avait lancé une offensive au prix d’innombrables pertes civiles, de destructions et d’actes de barbarie, visant à la déstabilisation du tissu social et politique kurde. Face aux exactions commises par l’armée turque, les pays occidentaux ne doivent plus détourner les yeux.
L’engagement des combattantes et combattants kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et des Unités de protection du peuple (YPG) dans la lutte contre Daech avait pourtant été décisif, salué par l’ensemble de la communauté internationale. Aujourd’hui, elles et ils semblent oubliés par ceux-là mêmes qui les encensaient, hier, pour leur courage, leur détermination et leur héroïsme. Tous concernés, nous ne pouvons et ne devons pas laisser l’armée d’Erdogan s’en prendre une fois de plus à nos alliés kurdes.
N’oublions pas que plusieurs milliers de djihadistes sont détenus dans les régions contrôlées par l’Aanes. Un feu vert à Erdogan pour une nouvelle opération d’invasion signifierait une déstabilisation de la région et une menace grave contre la sécurité de l’Europe.
Parlementaires de toutes sensibilités politiques, nous dénonçons la politique de guerre du président Erdogan et appelons les dirigeants et responsables européens à ne rien céder face à ses intimidations !
Nous appelons les États membres de l’Union européenne à garantir la protection des militants et des associations kurdes présents sur le sol européen. Nous invitons la France à saisir le Conseil de sécurité de l’ONU pour décréter une zone d’exclusion aérienne au nord de la Syrie et placer les Kurdes de Syrie sous protection internationale. Enfin, nous demandons que l’Aanes puisse bénéficier d’une reconnaissance internationale, afin d’aboutir à une solution politique susceptible de construire une paix durable dans la région.
* À l’initiative de Laurence Cohen, sénatrice (CRCE) du Val-de-Marne.
Par 102 parlementaires*