Impasse politique et crainte de guerre civile en Irak

Infomardi 07 mars 2006 (Reuters)

par Walid Ibrahim

BAGDAD - L'alliance chiite au pouvoir en Irak a demandé au président kurde Djalal Talabani de reporter "de quelques jours" la session inaugurale du parlement élu en décembre dernier.

InfoLe chef de l'Etat devrait faire connaître jeudi sa décision sur cette initiative, dictée par l'absence de consensus sur la reconduction du chiite Ibrahim Djaafari en tant que Premier ministre.

De source autorisée, on déclare néanmoins que la nouvelle législature devrait s'ouvrir quand même formellement dimanche, ne serait-ce que pour des raisons constitutionnelles.

Près de trois mois après le scrutin législatif, qui a vu l'alliance chiite remporter la victoire sans pour autant obtenir la majorité absolue, aucun accord n'est en vue sur le prochain Premier ministre.

En dépit des pressions de l'ambassadeur américain Zalmay Khalilzad en faveur d'un gouvernement de coalition, sunnites, laïcs et Kurdes refusent de reconduire Djaafari à la tête du gouvernement.

Ils lui reprochent notamment son incapacité, depuis un an à ce poste, à rétablir la sécurité - des centaines de morts ont été recensés ces deux dernières semaines

Le désaccord au sujet de ce médecin islamiste aux bonnes manières complique les efforts en vue de la formation d'un gouvernement du gouvernement d'union nationale souhaité par Washington.

"BOITE DE PANDORE"

Compte tenu de cette impasse politique et des dispositions de la constitution, le parlement devrait se réunir dimanche mais il suspendrait sine die ses travaux le temps de trouver une solution.

Khalilzad a brossé mardi un sombre tableau de la situation en Irak, trois ans après l'invasion américaine, estimant que les conditions d'une guerre civile étaient réunies.

"Nous avons ouvert le boîte de Pandore et la question qui se pose désormais c'est 'comment faire pour avancer,'", a-t-il confié au Los Angeles Times.

Trois membres du bureau du jeune imam radical chiite Moktada Sadr ont été tués mardi, tandis que des obus de mortier ont frappé le QG des sunnites du Front de dialogue national à Bagdad.

Le ministère irakien de la Défense a de son côté annoncé l'ouverture d'une enquête sur la mort d'une balle dans la tête lundi du général sunnite Moubdar Hatim al Doumaïmi, commandant de 6e division.

Celle-ci, qui compte 10.000 hommes, est chargée de la défense de Bagdad. "C'est une affaire très étrange qui soulève de nombreuses questions", a déclaré un responsable du ministère.

La 6e division, parmi les mieux équipées des unités irakiennes, s'efforce depuis l'attentat à la bombe contre la grande mosquée chiite de Samarra, le 22 février, d'éviter le basculement du pays dans la guerre civile

Mardi, c'est un lieu saint sunnite de Tikrit, la ville d'origine de l'ancien président Saddam Hussein, qui a été la cible d'un attentat à la bombe.

Une dizaine de personnes ont en outre trouvé la mort dans diverses violences durant la journée.