L’aviation turque a bombardé un convoi de civils à Ras al-Ain.Photo DR Source ANF News
Après le bombardement d’un convoi à Ras al-Ain, près de la frontière turco-syrienne. Photo DR-source ANF NEWS
Des rebelles soutenus par la Turquie dans le village de Yabisa, près de la frontière turco-syrienne, dimanche. Photo Khalil Ashawi. Reuters
Libération | 14/10/2019 |
La France menace de suspendre ses livraisons d’armes, Donald Trump d’asphyxier l’économie turque, Angela Merkel appelle à cesser les combats… et Recep Tayyip Erdogan semble, lui, plus déterminé que jamais à poursuivre son offensive contre les Kurdes dans le Nord-Est syrien. Pourquoi le président turc tremblerait-il davantage, puisque le Conseil de sécurité de l’ONU s’est montré incapable, à défaut de voter une véritable résolution, de se mettre d’accord sur une simple déclaration ? Et qu’après de «forts encouragements» à interrompre les opérations militaires, le secrétaire à la Défense américain a finalement annoncé le retrait d’un millier de soldats…
Pour l’heure, les «conséquences» promises en représailles à Ankara par la communauté internationale restent lettre morte. Celles subies par les Kurdes sont en revanche bien réelles : dimanche, un convoi de femmes et d’enfants, encadrés par des miliciens kurdes, a été pris pour cible par l’aviation turque alors qu’il fuyait les combats. Autre conséquence inquiétante : les prisonniers du camp d’Aïn Issa, à 50 kilomètres de Raqqa, ont été abandonnés à leur sort par leurs geôliers kurdes. Parmi eux : des membres des familles de jihadistes, auxquels se mêlent des cellules dormantes de Daech. Sans surprise, l’impuissance politique et diplomatique face à l’offensive turque en Syrie est payée au prix fort. A défaut de l’avoir empêchée, la communauté internationale doit désormais tout faire pour éviter qu’advienne le désastre humanitaire annoncé. Et qu’à l’horreur s’ajoute le déshonneur.
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Syrie : face aux Kurdes, Ankara joue la carte du chaos
Bombardements et exécutions de civils par les Turcs et leurs alliés, annonce de départ en catastrophe des soldats américains, déplacements de population… L’offensive d’Erdogan s’est dangereusement intensifiée ce week-end.
Une femme politique exécutée, des civils et journalistes bombardés, des soldats américains contraints de battre en retraite, des familles de jihadistes relâchées par centaines et livrées à elles-mêmes : la situation dans le nord de la Syrie, où l’armée turque a lancé mercredi une vaste offensive contre les Kurdes, a pris au cours du week-end un tournant chaotique et préoccupant. En seulement cinq jours d’opérations, la Turquie et ses supplétifs syriens ont fait voler en éclats les équilibres très précaires dans cette région marquée par huit ans de conflit armé, de la guerre civile à la bataille acharnée contre les terroristes de l’Etat islamique. Du siège des Nations unies à Paris, de Berlin à Washington où Donald Trump, lors d’une conversation téléphonique avec Erdogan le 6 octobre, avait ouvert la voie à l’offensive turque, la communauté internationale observe avec inquiétude, et surtout impuissance, le déroulement des opérations.
Dimanche soir à 22 heures, le président français a convoqué un conseil restreint de défense, estimant que l’offensive turque risquait de créer une «situation humanitaire insoutenable». Par téléphone, Emmanuel Macron a à nouveau appelé son homologue turc à cesser immédiatement son offensive. Mais pour l’heure, ni les pressions diplomatiques, ni les menaces de sanctions économiques du Congrès américain, ni l’embargo dérisoire sur les ventes d’armes à la Turquie décrété par plusieurs capitales européennes (dont Paris) ne semblent entamer la détermination de Recep Tayyip Erdogan. Le dirigeant turc reste concentré sur un double objectif : écraser les miliciens kurdes des Unités de protection du peuple (YPG), considérées comme un groupe «terroriste» par Ankara, mais alliés clés des Occidentaux dans la lutte contre Daech, et prendre le contrôle d’une vaste zone tampon de l’autre côté de sa frontière, côté syrien. «Depuis que nous avons lancé notre opération, nous faisons face à des menaces de sanctions économiques ou d’embargos sur les armes. Ceux qui pensent pouvoir nous contraindre à reculer avec ces menaces se trompent», a déclaré Erdogan dimanche, lors d’un discours à Istanbul.
Comme toujours en temps de guerre, la propagande des belligérants complique la quête d’informations fiables. Les récits d’autres acteurs présents sur place, journalistes et ONG notamment, confirment toutefois une aggravation des violences au cours des deux derniers jours. Dimanche, dans la localité frontalière de Ras al-Ain, au moins 10 civils ont péri dans un raid de l’aviation turque qui a touché un convoi transportant civils et journalistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Nous étions dans le convoi de civils kurdes pris pour cible par les forces turques ou leurs alliés à Ras al-Ain. Notre équipe va bien mais des confrères sont morts», a écrit sur Twitter Stéphanie Perez, grand reporter à France Télévisions. Depuis mercredi, toujours selon l’OSDH, une soixantaine de civils et au moins 104 combattants kurdes ont été tués. Les combats ont fait plus de 130 000 déplacés, selon l’ONU, qui estime que 400 000 habitants de la région pourraient, à très court terme, avoir besoin d’aide humanitaire et de protection.
Outre le raid meurtrier à Ras al-Ain, l’autre développement majeur de dimanche s’est noué dans le camp de Aïn Issa, d’où près de 800 femmes et enfants de jihadistes de l’Etat islamique, dont au moins une trentaine de Français selon nos informations, ont pris la fuite. La veille, au sud de la ville de Tall Abyad, conquise dimanche par la Turquie, neuf civils avaient été froidement exécutés par balles, selon l’OSDH. Dont une femme politique kurde de 35 ans, Hevrin Khalaf, abattue avec son chauffeur.
Face à l’escalade des violences et au risque qu’ils se retrouvent «pris en étau», le Pentagone a annoncé dimanche le retrait rapide des soldats américains déployés dans le nord de la Syrie. Un départ qui fait redouter un vide sécuritaire encore plus abyssal. Furieux, l’ancien conseiller américain auprès de la coalition internationale anti-Daech Brett McGurk a dressé un bilan cinglant de l’opération turque : «130 000 déplacés, terroristes qui s’échappent, Syriens exécutés sur des routes, principales lignes d’approvisionnement américaines coupées […], de plus en plus impossible pour les forces américaines de rester en Syrie, aucun plan pour s’occuper de ceux qui ont travaillé avec nous», a-t-il énuméré sur Twitter. Avant de conclure : «C’est un désastre total.»
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Fuite des familles de l’EI : un scénario redouté
Dimanche, 785 femmes et enfants de jihadistes, dont une trentaine de Français, ont fui le camp d’Aïn Issa, à la frontière syrienne, après que les gardes kurdes ont déserté. Une situation susceptible de se reproduire dans d’autres centres de la région.
C’était le scénario redouté par une partie de la communauté internationale, Européens en tête. Et il aura fallu moins d’une semaine pour qu’il se concrétise. Cinq jours après le début de l’offensive turque contre les forces kurdes en Syrie, le conflit a atteint les femmes et enfants de jihadistes étrangers détenus dans des camps de réfugiés dans le nord du pays.
Selon les autorités kurdes, 785 membres de familles de l’Etat islamique (EI) ont fui dimanche du camp d’Aïn Issa, qui a été déserté par ses gardes. Ce camp, au sein duquel ils étaient détenus dans une annexe sécurisée, accueillait environ 13 000 déplacés. Les circonstances exactes de la fuite restent floues. «L’assaut militaire brutal mené par la Turquie et ses mercenaires se déroule désormais à proximité du camp d’Aïn Issa», a affirmé dans un communiqué l’administration autonome kurde, dénonçant des bombardements. Cité par le Guardian, un responsable kurde a assuré que certaines prisonnières étrangères s’étaient rebellées, provoquant la fuite des gardes. D’après Jelal Ayaf, le directeur du camp de Aïn Issa, des cellules dormantes jihadistes, installées dans la partie du camp réservée aux déplacés syriens, seraient sorties de l’ombre dimanche et auraient attaqué les gardes du camp, les poussant à prendre la fuite.
«Les gardes kurdes sont partis précipitamment en disant aux femmes de fuir après des tirs et des bombardements à proximité», assure de son côté Marie Dosé, avocate pénaliste qui représente une quarantaine de femmes françaises de jihadistes, dont certaines se trouvaient à Aïn Issa. Elle a pu échanger avec plusieurs d’entre elles dimanche après-midi via l’application WhatsApp. Selon ses informations, neuf femmes françaises, ainsi que vingt enfants, se trouvaient dans le camp et seraient désormais «livrées à elles-mêmes». «Elles sont à pied, avec des bombardements tout près, certaines sont affaiblies, voire très malades. Par qui vont-elles être récupérées ? Dans la région, il y a des cellules dormantes de Daech, s’inquiète l’avocate. Et c’est le long de cette route que des civils kurdes ont été exécutés samedi par des milices proturques. Elles ne savent pas si elles doivent se terrer, essayer de trouver refuge dans d’autres camps. C’est la panique complète.»
Les Etats européens, la France notamment, se sont très largement défaussés sur les Kurdes, qui gèrent les camps de réfugiés et de prisonniers depuis la guerre contre l’EI. Paris rechigne particulièrement à rapatrier sur le territoire français les femmes de jihadistes, et même les enfants. Depuis le début de l’année, seuls 17 mineurs ont pu quitter les camps du nord de la Syrie pour rentrer en France. Et l’Elysée a gelé en mars un plan de rapatriement massif face à l’hostilité de l’opinion publique, comme le révélait Libération le 5 avril.
«Cela fait deux ans qu’on met en garde, mot à mot, contre un tel scénario», déplore Marie Dosé, qui dit avoir contacté à de nombreuses reprises le Quai d’Orsay sans obtenir la moindre réponse. «Tout ce que veulent ces femmes, c’est aller en Turquie pour être expulsées vers la France. Pas une ne se frotte les mains à l’idée d’être récupérée par Daech. Cette perspective les terrifie», ajoute-t-elle. «Avant que la situation n’empire, avant que des enfants innocents ne soient tués ou blessés en plus grand nombre, avant que les prisonniers étrangers ne se dispersent dans le chaos syrien, le gouvernement français et les gouvernements européens doivent enfin réagir», écrit pour sa part, dans un communiqué, le Collectif Familles unies.
Outre le drame humanitaire qui se profile, l’offensive turque au Kurdistan laisse aussi planer des menaces sécuritaires. Les forces kurdes qui gardent les camps où sont regroupés les jihadistes faits prisonniers après la chute de l’EI risquent d’avoir à quitter leur poste pour se joindre aux combats. Vendredi, l’administration du Rojava, le nom donné au Kurdistan syrien, a annoncé que cinq membres de l’EI s’étaient échappés de la prison de Qamichli après des raids aériens turcs ayant visé les environs et un attentat à la voiture piégée revendiqué par l’organisation terroriste. Le même jour, toujours selon les forces kurdes, des émeutes ont éclaté dans le camp d’Al-Hol, où sont regroupés la plupart des anciens combattants jihadistes étrangers et leur famille. Une partie des gardes qui en assurent normalement la sécurité venaient d’être redéployés plus au nord pour faire face à l’offensive turque.
En annonçant, le 6 octobre, retirer les troupes américaines du nord de la Syrie, alors qu’elles faisaient jusque-là office de tampon entre les Turcs et les Unités de protection du peuple (YPG), une milice kurde qualifiée de «terroriste» par Ankara, Donald Trump s’était lavé les mains de la question des jihadistes détenus dans la région. Il s’était contenté d’estimer dans son communiqué que «la Turquie [serait] maintenant responsable de tous les combattants de l’Etat islamique capturés dans la zone ces deux dernières années». On estime à environ 10 000 le nombre de jihadistes détenus par les Kurdes, dont 2 000 étrangers. En septembre, le dirigeant de l’EI, Abou Bakr al-Baghdadi, a exhorté ses soutiens, dans un appel audio, à tout faire pour les libérer.
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Syrie : la situation «empire d’heure en heure», les Etats-Unis se retirent
Le chef du Pentagone a justifié dimanche le retrait du nord de la Syrie de ses troupes par les «tirs aveugles» de l’armée turque et la négociation d’un accord entre les Kurdes et Damas.
Face à une «situation intenable» pour les troupes américaines, qui «peuvent se retrouver prises en étau» entre Kurdes et Turcs, le chef du Pentagone, Mark Esper, a annoncé dimanche le retrait d’environ 1 000 soldats du nord de la Syrie sur ordre de Donald Trump. Des troupes américaines se sont retrouvées vendredi sous le feu de positions turques près de la ville de Kobané, dans le nord du pays, a notamment évoqué Esper, parlant de «tirs aveugles». La situation «empire d’heure en heure», a indiqué le secrétaire à la Défense, qui s’est entretenu avec le président américain samedi soir.
«Dans les dernières vingt-quatre heures, nous avons appris que [les Turcs] comptaient étendre leur attaque plus au sud qu’initialement prévu, et plus à l’ouest», s’est-il alarmé, alors que l’administration Trump affirme continuer à faire pression sur le président turc, Recep Tayyip Erdogan, pour qu’il stoppe son incursion en Syrie. Mark Esper a fait état de négociations entre les Kurdes, l’armée syrienne et la Russie pour contrer l’invasion turque, ce qui aurait fini de convaincre Trump de «donner l’ordre d’un retrait délibéré des troupes du nord de la Syrie», a-t-il précisé. De fait, dimanche soir, les Kurdes ont annoncé avoir conclu un accord avec Damas pour le déploiement de l’armée syrienne près de la frontière turque.
La décision de Washington pourrait marquer la fin de la présence américaine en Syrie dans les jours ou semaines à venir. Même si, pour l’instant, le chef du Pentagone se contente d’indiquer qu’une partie des soldats pourrait être redéployée dans un premier temps plus au sud du pays. Selon Esper, les troupes américaines n’auraient «certainement pas» pu stopper les Turcs, qui ont rassemblé 15 000 soldats à la frontière syrienne, soutenus par des forces aériennes. «Nous ne nous étions pas engagés à combattre la Turquie, un allié de longue date au sein de l’Otan», au nom des combattants kurdes de Syrie, a-t-il insisté.
Les catastrophes en cascade prophétisées après l’annonce de Trump, il y a une semaine, de retirer les soldats de secteurs frontaliers côté syrien, se réalisent les unes après les autres. Les critiques de la communauté internationale se sont abattues devant ce lâchage, renforcées par les images de civils massacrés diffusées depuis le début de l’attaque. Même les républicains proches de Trump ont blâmé la décision du Président, jugeant qu’elle sapait la crédibilité des Etats-Unis auprès de ses alliés, allait conduire à un bain de sang, mettait en danger les troupes américaines restantes et risquait d’entraîner la réémergence de l’EI. Mais quel qu’en soit le prix, Trump veut tenir sa promesse de retrait du Moyen-Orient - avec pour unique horizon la présidentielle de 2020. «Très malin de ne pas être impliqué dans ces combats intenses à la frontière turque, pour une fois», s’est-il félicité dimanche sur Twitter, semblant se laver les mains des conséquences : «Les Kurdes et la Turquie se battent depuis des années. La Turquie considère le PKK comme les pires des terroristes. D’autres voudront peut-être s’engager et combattre d’un côté ou de l’autre. Laissons-les !»
L’administration Trump s’apprêterait à imposer des sanctions économiques sur la Turquie : «Nous avons prévenu les Turcs, a annoncé dimanche le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. Ils savent ce que nous ferons s’ils n’arrêtent pas leurs actions.» Le président américain s’était dit prêt lundi dernier à faire le nécessaire pour «détruire complètement l’économie turque» si Ankara agissait «hors des limites», sans préciser lesquelles. «Les forces armées américaines se retirent du nord-est de la Syrie, ce qui fut le califat de l’Etat islamique, a constaté sur Twitter Brett McGurk, l’ex-envoyé spécial de la Maison Blanche auprès de la coalition contre l’EI, qui avait démissionné après l’annonce par Trump, en décembre 2018, du retrait américain de Syrie. Le tout, sans réflexion, méthode ni planification. Il y aura des conséquences graves pour notre sécurité nationale, bien au-delà de la Syrie.»
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Maître de conférences à l’université de Toulouse-II et spécialiste de la Turquie, Jean-François Pérouse analyse les opérations militaires turques du week-end et les risques qu’elles font planer sur la région.
Il s’agit en tout cas d’une attaque de grande ampleur. Les opérations «Bouclier de l’Euphrate» en 2016 ou celle d’Afrin en 2018 étaient bien moins importantes. C’est une offensive bien planifiée, pensée depuis longtemps, pour réduire, voire éliminer totalement les forces kurdes syriennes, qui jouent pourtant un rôle central sur ce théâtre d’opérations depuis au moins 2014. Pour le pouvoir d’Ankara qui s’essouffle, c’est le chant du cygne et une prise de risque énorme. On parle tout de même d’une intervention en Syrie, donc dans un pays étranger, même si celui-ci est affaibli. Cela pourrait mener à des affrontements directs entre l’armée syrienne et l’armée turque, comme cela se profile dans la région de Manbij.
Je ne pense pas, car cette zone frontalière, longue de 400 km, est déjà énorme. La Turquie a confiance en sa force de frappe, qu’elle doit en partie à son appartenance à l’Otan. Ankara a développé sa puissance militaire dans le cadre de l’alliance atlantique et s’en sert aujourd’hui pour une opération à la raison d’être très discutable. La Turquie dispose notamment de drones, qui jouent en ce moment un rôle fondamental. Ils permettent de repérer les positions des milices kurdes puis de les faire frapper par l’aviation. La supériorité technique, technologique et numérique d’Ankara est évidente. En plus de sa propre armée, la Turquie s’appuie sur des milices locales… En effet, elle utilise des supplétifs syriens, une nouvelle armée parallèle qui, sur le terrain, semble commettre des exactions honteuses. Il semble qu’une partie des opérations échappent au contrôle de la Turquie, via cette alliance faite avec des composantes qui se livrent visiblement à des abus.
Les prisonniers de l’Etat islamique (EI) ont au moins l’espoir de s’évader : les révoltes se sont multipliées dans les camps ces derniers jours. L’opération turque alimente les soupçons qu’on pouvait avoir concernant les liens entre Ankara et Daech. Le pouvoir turc a plus qu’une tolérance envers les jihadistes. Il joue un jeu cynique : face à l’ennemi de longue date que sont les YPG [les Unités de protection du peuple, une milice kurde considérée comme terroriste par la Turquie, ndlr], on peut se permettre de miser sur n’importe qui d’autre, même l’EI affaibli. Cela risque de mener à une situation incontrôlable.
Leurs armes sont fragiles. Il y a eu d’abord eu des dénonciations de principe. Puis l’annonce de la cessation des exportations d’armement. C’est une décision importante, pas seulement symbolique, mais les conséquences se feront plutôt à moyen et long terme. On sait aussi que la Turquie tient l’Union européenne, qui ne parle pas d’une seule voix, avec les sujets des jihadistes européens et des migrations. De façon très machiavélique, Recep Tayyip Erdogan sait parfaitement jouer de ces deux dossiers pour neutraliser l’opposition européenne et s’assurer qu’il n’y ait pas de réaction à même de compromettre ses plans dans l’immédiat.