DIYARBAKIR (Turquie), 13 nov 2005 (AFP) - 16h00 - Une dizaine de personnes ont été blessées dans des heurts dimanche entre la police et des manifestants à la fin d'un rassemblement de plus 10.000 personnes à Diyarbakir (sud-est) pour prôner une solution pacifique au problème kurde, a constaté l'AFP.
La manifestation organisée par des ONG locales et des partis pro-kurdes sous le thème "démocratie et paix" s'est déroulée sous un strict dispositif de sécurité sur une place du centre-ville de cette plus importante cité de la région dont la population est majoritairement kurde.
Les manifestants à Diyarbakir ont scandé des slogans en kurde en faveur du chef du parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, illégal), Abdullah Ocalan, emprisonné à vie depuis 1999. Sur les pancartes ont pouvait notamment lire "le PKK est le peuple".
La police anti-émeutes a fait usage de gazs lacrymogènes et de bâtons pour disperser un groupe de plusieurs centaines de personnes qui ont voulu organiser une marche à la fin du rassemblement en faveur d'Ocalan.
Dix personnes ont été blessées dans les heurts et la police a procédé à une dizaine d'interpellations.
La manifestation a eu lieu alors qu'à plus de 600 km plus à l'est, dans une bourgade située près de la frontière avec l'Irak et l'Iran, la tension est restée vive pendant plusieurs jours avant de revenir à la normale après un attentat à la bombe et les heurts qui l'ont suivi avec les forces de sécurité qui ont fait deux morts et une dizaine de blessés mercredi dernier.
Les habitants et les élus locaux de Semdinli ont avancé la thèse d'une collusion entre des membres de sécurité qui combattent les rebelles séparatistes kurdes dans le sud-est anatolien et des éléments de l'Etat.
Le gouvernement turc a promis de faire toute la lumière sur les incidents et deux personnes, dont un sous-officier, ont été inculpées samedi pour tentative de meurtre pour avoir tiré sur la foule en colère alors que celle-ci tentait de lyncher une personne qu'elle tenait pour responsable d'avoir posé la bombe dans une librairie de Semdinli.
Des manifestations ont été organisées à travers les villes du sud-est pour dénoncer l'attentat ainsi qu'à Istanbul.
Le sud-est anatolien a été le théâtre d'un conflit sanglant entre les forces de sécurité turques et les rebelles kurdes du PKK qui a fait près de 37.000 morts depuis 1984.
Le PKK, considéré comme une organisation terroriste par Ankara, l'Union européenne et les Etats-Unis, a multiplié ses opérations dans la région au cours des derniers mois après avoir observé un cessez-le-feu unilatéral de 1999 à juin 2004.