ANKARA, 18 nov 2005 10h 53 (AFP) - Le président de la région autonome kurde d'Irak, Massoud Barzani, a affirmé dans un entretien vendredi avec la chaîne d'information turque NTV que sa communauté n'aurait pas d'autre choix que de proclamer son indépendance si une guerre civile éclatait en Irak.
Interrogé à Rome sur l'éventualité d'une indépendance des Kurdes d'Irak, une hantise de la Turquie et des pays de la région qui abritent ce peuple, M. Barzani a répondu : "que dieu nous préserve" d'une guerre civile, "mais si d'autres se battent entre eux et s'il y a un éclatement (de l'Irak), alors nous n'aurons pas d'autre option".
Soulignant que le droit à l'indépendance est un "droit naturel et légitime" des Kurdes, M. Barzani a cependant estimé que, pour le moment, son peuple n'avait pas d'autre revendication que l'application de la nouvelle Constitution pour avancer vers un Irak "démocratique, fédéral et pluraliste".
Ankara craint que les Kurdes d'Irak, virtuellement indépendants depuis la chute de Saddam Hussein, ne jettent les bases d'un Etat indépendant dans le nord du pays, frontalier avec le sud-est turc où les rebelles du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatistes kurdes de Turquie) sont toujours actifs par endroits.
Un tel Etat déstabiliserait cette zone, selon les Turcs.
Le président kurde a minimisé l'importance de la présence de centaines de membres du PKK dans les montagnes du Kurdistan irakien, affirmant que la Turquie devrait régler cette question par des moyens "politiques" et non militaires.
La Turquie a entretenu des relations tumultueuses avec M. Barzani, qui avait par le passé bénéficié d'un passeport diplomatique turc pour pouvoir voyager à l'étranger et qui a régulièrement accusé Ankara d'ingérence en Irak, notamment en ce qui concerne les opérations de l'armée turque dans le nord du pays visant à pourchasser les rebelles du PKK.
M. Barzani avait pourtant soutenu ces opérations jusqu'à l'arrivée des troupes américaines en 2003.