Les 275 députés du Parlement, le premier à être élu démocratiquement depuis un demi-siècle, ont commencé leur réunion vers 11h30 (08h30 GMT) au Palais des congrès, dans la "Zone verte", secteur ultra-protégé où sont situées l'ambassade des Etats-Unis et les bureaux du gouvernement intérimaire. Il s'agit d'une réunion uniquement protocolaire, car faute d'accord entre les principales forces du pays, l'Assemblée ne choisira ni son président, ni le Conseil présidentiel, la plus haute instance de l'Etat.
"La séance inaugurale, présidée par le doyen d'âge, marquera l'entrée en fonction officielle de l'Assemblée nationale intérimaire et elle se bornera à quelques discours", a affirmé Hoshyar Zebari, ministre des Affaires étrangères du gouvernement sortant et un des négociateurs kurdes. La date du 16 mars pour l'inauguration du Parlement est symbolique, puisqu'elle correspond au jour anniversaire du gazage en 1988 de la localité kurde de Halabja par l'armée de Saddam Hussein.
Mardi, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi a cédé à son opinion publique en annonçant que les quelque 3.000 soldats italiens déployés en Irak commenceraient à se retirer progressivement de ce pays à partir de septembre. "Dès septembre, nous commencerons à réduire progressivement le nombre de nos soldats (...) car notre opinion publique le demande", a affirmé le chef du gouvernement sur la première chaîne de la Rai, le service public audiovisuel. "J'en ai parlé avec Tony Blair (le Premier ministre britannique) car nos opinions publiques attendent cette décision", a-t-il précisé.
Silvio Berlusconi et sa coalition de droite ont soutenu politiquement l'intervention militaire américaine en Irak malgré sa condamnation par le pape Jean Paul II, et ont envoyé dans ce pays 3.000 militaires en juin 2003 pour une "mission de paix" malgré l'opposition d'une grande partie des Italiens. Le contingent italien, le quatrième après les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Corée du sud, est déployé sous commandement britannique dans la région de Nassiriyah (sud). Il a été la cible de nombreuses attaques.
17 militaires et 2 civils italiens ont été tués en novembre 2003 dans un attentat au camion, et 5 autres soldats ont trouvé la mort lors d'affrontements armés ou dans des accidents. Neuf ressortissants italiens ont par ailleurs été pris en otages et trois ont été exécutés par leurs ravisseurs qui réclamaient le retrait des Italiens. Silvio Berlusconi n'a jamais cédé. Mais l'épilogue de la dernière prise d'otage, le 4 mars, avec la mort d'un agent des services secrets, Nicola Calipari, tué par des tirs américains près de l'aéroport de Bagdad pendant l'exfiltration de la journaliste Giuliana Sgrena, a profondément bouleversé l'opinion publique italienne.
Washington a réagi à l'annonce faite par le chef du gouvernement italien en estimant qu'il n'y avait pas de lien avec l'affaire Calipari. "Je n'ai rien entendu de tel de la part des responsables italiens", a déclaré le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan.
Mercredi, le Premier ministre australien John Howard a refusé d'exclure l'envoi de renforts en Irak pour combler le trou laissé par le retrait progressif du contingent italien. Selon les sondages, une majorité d'Australiens sont opposés à une telle option.
De son côté, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a assuré que le retrait des soldats italiens d'Irak, se ferait de manière "totalement coordonnée" avec le reste de la coalition militaire. Aux Etats-Unis, selon un sondage publié mardi, 70% de la population estiment que le coût en vies humaines américaines en Irak est "inacceptable". Alors qu'en mars 2003, les Américains étaient 70% à juger que la guerre était justifiée, ils ne sont plus que 45% à le penser aujourd'hui, selon l'enquête réalisée par la chaîne de télévision ABC et le quotidien Washington Post.
Enfin, selon le New York Times au moins 26 prisonniers ont été tués depuis 2002 en Irak et en Afghanistan alors qu'ils se trouvaient aux mains des forces américaines. Selon le journal les enquêteurs de l'armée estiment que ces morts suspectes peuvent être considérées comme des homicides. Le Pentagone n'a officiellement reconnu la semaine dernière que six cas de ce type, ce qui avait entraîné une protestation immédiate de l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch.