mercredi 7 septembre 2005, 14h54
BAGDAD (AFP) - Le chef de l'Etat irakien, le Kurde Jalal Talabani, a affirmé, en dépit de son opposition à la peine de mort, que le président déchu Saddam Hussein avait avoué plusieurs de ses crimes et qu'il méritait de mourir.
A Bassorah, dans le sud de l'Irak, quatre gardes de sécurité américains sont morts mercredi dans une attaque en protégeant des diplomates de leurs pays, tandis qu'à Bagdad un responsable du ministère de la Défense et un colonel de police ont été abattus dans deux attaques rebelles séparées.
"Saddam Hussein mérite de mourir cent fois", a estimé le président kurde en défendant, dans une interview à la télévision publique Iraqia, la décision de faire juger l'ancien dictateur par le Tribunal spécial irakien (TSI).
"Il n'y a pas de décision politique d'éliminer Saddam Hussein et la justice est indépendante", a affirmé M. Talabani, qui est personnellement opposé à la peine de mort, ayant signé dans le passé une pétition dans ce sens.
"S'il était tombé entre nos mains pendant la guerre que nous nous livrions on aurait pu l'éliminer, mais là il faut le juger", a-t-il ajouté.
"J'ai récemment reçu un juge d'instruction chargé d'interroger (Saddam Hussein) et il m'a rapporté de bonnes nouvelles. Il a dit avoir "réussi à lui arracher des aveux importants et lui faire signer sa déposition", a encore affirmé le président Talabani.
Le chef de l'Etat irakien a ajouté que ces aveux concernaient l'opération Al-Anfal, pendant laquelle son régime avait déplacé en 1987-88 les habitants de centaines de villages kurdes et fait quelque 180.000 victimes, selon des sources politiques du nord de l'Irak. Ils portent aussi, selon lui, sur des "ordres d'exécutions que Saddam a reconnu avoir signé de sa main".
"Il y a des tonnes de documents qui incriminent Saddam Hussein", a encore ajouté M. Talabani qui a récemment indiqué qu'il ne signerait pas l'arrêt de mort de son ancien rival, s'il était condamné à la peine capitale.
Le gouvernement a annoncé que Saddam Hussein et sept de ses lieutenants seraient jugés par le TSI à partir du 19 octobre pour le meurtre en 1982 de plus de 140 villageois chiites d'une localité située au nord de Bagdad après des tirs contre son convoi.
Concernant l'attaque de Bassorah, une source diplomatique britannique a indiqué à l'AFP qu'elle avait fait quatre morts parmi des gardes américains.
"Il n'y a aucun diplomate parmi les victimes", a déclaré cette source, précisant que les quatre morts étaient dans le véhicule de tête du convoi, qui sous l'effet de l'explosion, est tombé d'un pont.
Un photographe de l'AFP, qui s'est rendu sur le lieu de l'attaque, dans la partie nord de Bassorah, à 550 km au sud de Bagdad, a indiqué qu'une voiture tout-terrain était tombée d'un pont sous l'effet de l'explosion.
Dans d'autres violences, un responsable du ministère de la Défense et un colonel des commandos du ministère de l'Intérieur ont été abattus par des rebelles dans deux attaques séparées mercredi à Bagdad.
Le premier, Hadi Hassan Omrane, directeur général du ministère de la Défense affecté au service d'information a été abattu à Doura dans le sud de Bagdad et le second, Imad Ismaïl Dhiab dans l'ouest de la ville. Le chauffeur du premier et trois des hommes du deuxième, des commandos, ont été blessés.
Une voiture piégée a explosé par ailleurs dans Bagdad au passage d'un convoi américain, faisant sept blessés parmi des civils, selon un hôpital de la ville.
A la demande du Premier ministre Ibrahim Jaafari, une minute de silence a été observée par ailleurs à midi, notamment dans les villes et les quartiers chiites de Bagdad à la mémoire du millier de pèlerins de cette communauté morts il y a une semaine dans une bousculade monstre sur un pont de la capitale.