- LEMONDE.FR | 27.11.05 |
Le procès s'est ouvert le 19 octobre, mais il a été aussitôt suspendu pour permettre d'organiser l'audition des témoins. Dans ce procès, les huit accusés risquent la peine de mort par pendaison.A l'ouverture du procès, Saddam Hussein, combatif, avait d'emblée affirmé qu'il ne reconnaissait pas l'autorité du tribunal, devant lequel il avait estimé n'avoir "rien à faire". Il s'était présenté comme le président légitime d'Irak et avait plaidé non coupable.
Quatre audiences sont prévues à partir de lundi. Il est possible que le procès soit de nouveau suspendu afin de ne pas perturber le climat de la campagne électorale pour les législatives du 15 décembre.
Basé à Amman, le collectif de défense de Saddam Hussein a indiqué dimanche qu'il comptait demander un ajournement du procès, et que l'ancien ministre américain de la justice Ramsey Clark serait présent lundi au tribunal avec l'ancien ministre de la justice du Qatar Najib al-Nouaïmi et l'avocat jordanien Issam Ghazzawi pour présenter cette demande.
INSÉCURITÉ
Un des grands défis du tribunal va être de garantir la sécurité des personnes qui vont témoigner contre Saddam Hussein, dans un pays où règne l'insécurité et où deux avocats de la défense ont déjà été assassinés.
Courant novembre, après l'assassinat de deux avocats représentant des co-accusés de Saddam Hussein, l'équipe de défense avait dit être soumise à des "menaces de morts quotidiennes" et avait dénoncé les déficiences de la sécurité, annonçant, dans un premier temps, qu'elle boycotterait l'audience de lundi.
Un responsable américain proche du tribunal a précisé qu'une protection a été proposée aux avocats. Selon lui, "la plupart d'entre eux" ont accepté l'offre.
Le Haut tribunal pénal irakien, anciennement appelé Tribunal spécial irakien, a été créé avec des fonds et l'assistance juridique des Etats-Unis en décembre 2003 pour juger les dirigeants de l'ancien régime irakien pour des crimes contre l'humanité, crimes de guerre, génocide ou encore dilapidation des biens de l'Etat.
Après le massacre de Doujaïl, d'autres dossiers devraient être examinés par cette cour, comme la répression des chiites en 1991, le gazage des Kurdes du village de Halabja (nord-est) en 1988, le déplacement de 182.000 Kurdes en 1987-1988, la guerre avec l'Iran ou l'occupation du Koweït.
Quatre travailleurs humanitaires, dont deux Canadiens, ont été enlevés dimanche 27 novembre en Irak. L'identité des deux autres est en cours de vérification. Deux Irakiens ont trouvé la mort dans l'explosion d'une voiture piégée dans un quartier de l'ouest de Bagdad.
L'ancien premier ministre, Iyad Allaoui, a estimé, dans un entretien paru dans le journal britannique The Observer, que le nouveau régime violait "autant voire plus" les droits de l'homme que celui de Saddam Hussein.
La Maison Blanche envisage le départ de 50 000 GI's d'ici à la fin 2006 (sur 150 000) et un "nombre significatif" des 100 000 autres l'année suivante. Resterait en Irak ou à proximité qu'une "petite force" militaire américaine afin de pouvoir frapper des concentrations de rebelles si nécessaire.
L'ambassadeur des Etats-Unis en Irak, Zalmay Khalilzad, a été autorisé par le président George W. Bush à discuter directement avec l'Iran, selon l'hebdomadaire Newsweek à paraître lundi. La chaîne de télévision ABC a également affirmé dimanche que M. Khalilzad allait entrer en contact direct avec le gouvernement iranien pour discuter de l'insurrection en Irak et demander de l'aide à Téhéran. Ces contacts seraient les premiers à ce niveau entre Washington et Téhéran depuis la rupture de leurs relations en 1979. - (Avec AFP, AP, Reuters)