Abdolvahed Bohimar et Adnan Hassanpour "ont été condamnés à la pendaison pour être mohareb", ce qui signifie en persan "ennemis de Dieu", le 16 juillet dernier, par le tribunal de Marivan (Kurdistan iranien), a déclaré Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Alireza Jamshidi. Ces déclarations confirment une récente information de l'Institut kurde de Paris.
Le porte-parole n'a pas dit quelles charges précises avaient été retenues contre les deux hommes. Il a ajouté ignorer si la Cour suprême avait confirmé cette peine.
Une condamnation à mort doit être impérativement approuvée par la Cour suprême pour être appliquée.
Le chef du pouvoir judiciaire, l'ayatollah Mahmoud Hachemi Chahroudi, peut également intervenir pour empêcher la pendaison. Il est désigné par le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei.
L'organisation de défense de la liberté de la presse Reporters Sans Frontières (RSF) avait dénoncé mercredi dernier la condamnation à mort des deux journalistes kurdes et appelé la communauté internationale à intervenir auprès de l'Iran pour l'empêcher.
Selon RSF, Adnan Hassanpour et Abdolvahed Botimar, étaient collaborateurs du magazine Aso (Horizons), interdit en août 2005. Adnan Hassanpour y traitait de la question très sensible du Kurdistan iranien, avait indiqué RSF.
Lors de son procès à huis clos, il a été reconnu coupable "d'activités subversives contre la sécurité nationale" et "d'espionnage", selon RSF. Ses entretiens avec des médias basés à l'étranger, tel que Voice of America, ont également été retenus à charge, ajoute RSF.
Il aurait été transféré le 18 juillet à la prison de Sanandaj, une ville du Kurdistan iranien, précise l'organisation, qui cite sa famille et l'un de ses avocats.
Abdolvahed "Hiva" Botimar est également un membre actif de l'ONG environnementale Sabzchia, précise RSF.
L'organisation a dénoncé ces condamnations comme "proprement scandaleuses et honteuses" et appelé "la communauté internationale à demander à l'Iran de revenir sur sa décision et de ne pas exécuter ces deux hommes".
L'Iran applique largement la peine de mort mais l'exécution d'un journaliste y est extrêmement rare.
L'Iran compte une minorité kurde d'environ 6 millions d'habitants, sur une population totale de 71 millions de personnes.
Les Kurdes sont concentrés dans les provinces du Kurdistan mais aussi de l'Azerbaïdjan occidental, situées le long de la frontière avec l'Irak et la Turquie.
Ces régions ont connu des troubles et des affrontements entre l'armée iranienne et des rebelles du Pejak, un parti séparatiste kurde iranien proche du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebelles kurdes de Turquie, qui s'infiltrent en Iran depuis la Turquie ou l'Irak.
L'Iran accuse régulièrement les Etats-Unis d'aider les groupes armés kurdes qui combattent le pouvoir central.
Les militants du Pejak affrontent souvent les forces de sécurité iraniennes en particulier dans les provinces du Kurdistan iranien et d'Azerbaïdjan occidental.