Kirkuk, enjeu de rivalités ethnico-régionales


16 octobre 2007 | Hassane Zerrouky

N’eût-ce été le pétrole, Kirkuk (plus de 500 000 habitants), au nord de Bagdad, ne serait pas aujourd’hui le théâtre des rivalités ethnico-religieuses et politiques sanglantes et des tensions régionales que l’on connaît.

Car durant des siècles, les minorités habitant cette région - Turkmènes, Arabes et Kurdes - ont vécu dans l’entente. Mais la découverte du pétrole - 900 000 barils par jour - a tout changé. En tentant une arabisation forcée, au moyen d’une expulsion massive des Kurdes et des Turkmènes, le régime de Saddam Hussein a voulu inverser le rapport des forces démographiques en faveur de la minorité arabe sunnite.

Depuis la chute du régime, les Kurdes, qui considèrent Kirkuk comme leur capitale historique, veulent la rattacher au Kurdistan autonome. Une mesure qui le doterait ainsi de ressources en mesure de contribuer à son développement.

En revanche, les Turkmènes, autrefois majoritaires dans cette région, et les Arabes, estiment pour leur part que Kirkuk doit rester dans le cadre d’un Irak uni. Enfin la Turquie craint que son rattachement au Kurdistan irakien ne dote cette région de ressources permettant à terme de jeter les bases d’un État indépendant kurde.

Un précédent qu’elle ne saurait accepter compte tenu de la situation existant au Kurdistan turc. Aussi Ankara estime-t-il que le rattachement de cette ville au Kurdistan constituerait une ligne rouge à même de justifier une intervention de ses troupes afin, prétexte-t-il, de protéger la minorité turkmène.