Le Ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, serre la main de son homologue irakien, Hoshiyar Zebari, à Bagdad le 1er juin 2008.
Arrivé samedi matin en Irak pour une visite surprise de 48 heures, le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a rejoint Bagdad dimanche, après une journée passée au Sud dans la région chiite de Nasiriyah. Dans la capitale irakienne, l'ancien responsable de Médecins sans frontières a visité un établissement hospitalier spécialisé en cardiologie en compagnie du professeur Deloche, le responsable français de la Chaîne de l'espoir, une association qui organise le séjour médical en France d'enfants cardiaques irakiens. A Bagdad, Bernard Kouchner a également eu des entretiens avec le premier ministre Nouri al-Maliki et avec le commandant américain, le général Petraeus.
Dimanche après-midi, c'est un autre ancien « french doctor » qui attendait Bernard Kouchner à Erbil, la capitale du Kurdistan autonome où Paris a ouvert début 2008 un « bureau d'ambassade » que le chef de la diplomatie française est venu inaugurer.
C’est à Frédéric Tissot, défenseur de la cause kurde, ancien « french doctor », que Paris a confié sa représentation diplomatique d'Erbil. Un perchoir éminemment stratégique au cœur du Kurdistan autonome que préside Massoud Barzani. Un Kurdistan pétrolier dont il n'est plus question aujourd'hui de soutenir une quelconque revendication d'indépendance, pas plus à Paris qu'à Washington.
A la fin des années quatre-vingt, sous Saddam Hussein, Frédéric Tissot avait pour sa part organisé l'exfiltration en France de militants kurdes dont il parle la langue et connaît la culture. Mais aujourd'hui les Kurdes d'Irak participent au pouvoir central à Bagdad : à la présidence, avec Jalal Talabani, et au gouvernement central où ils occupent le terrain avec les partisans chiites du Premier ministre Nouri al-Maliki, au grand dam des autres factions chiites et sunnites.
Chiites et sunnites sont unanimes en revanche pour dénoncer les ambitions territoriales kurdes sur la cité pétrolière de Kirkouk. Une menace sur l'unité et la stabilité de l'Irak selon eux. Dans ces conditions, le poste diplomatique d'Erbil n'a pas vocation de sinécure.