Basbug & Gul
Le président turc Abdullah Gul (d) et le Général Ilker Basbug, le 25 août 2009 à Ankara.
(Photo : AFP)
Rfi.fr | Envoyé spécial à Ankara, Jérôme Bastion
L'armée turque a souligné, mardi, par la voix de son chef, le général Ilker Basbug, que les efforts de réconciliation prônés par le gouvernement en faveur des Kurdes ne devaient pas mettre en cause l'unité du pays, excluant tout dialogue avec les rebelles kurdes. Une sévère mise en garde au gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) dans le cadre de « l’ouverture démocratique » lancée récemment par Ankara.
Sans même encore connaître le plan d’ouverture sur la question kurde, l’état-major rappelle bruyamment ses conditions. Pour le patron de l’armée turque, Ilker Basbug, non seulement la lutte contre l’organisation terroriste, le PKK, ne faiblira pas - autrement dit, il n’est pas question d’envisager un armistice ou une cessation des opérations militaires -, mais, en outre, l’armée surveillera ce que le gouvernement avancera comme mesure d’apaisement en direction des Kurdes, qu’elle soit de nature politique, économique ou culturelle.
« L’armée ne tolèrera aucune atteinte aux fondements de l’Etat-nation et de l’Etat unitaire », a par exemple prévenu le général Basbug, ajoutant que « la Turquie est un Etat, un pays et une nation indivisibles dont la langue est le turc ». Le chef de l’état-major rappelle également que les différences culturelles - respectables, précise-t-il - sont une chose, mais il prévient que leur politisation en est une autre, incompatible avec la Constitution, et qu’enfin aucun dialogue n’est acceptable avec la rébellion ou ses représentants. Sans doute entend-il par là le parti parlementaire pro-kurde DTP, qui a d’ailleurs dénoncé ces propos. Voilà donc qui jette un froid sur les espoirs d’une solution à court terme, suscités récemment.
Parmi les initiatives destinées à la réconciliation, le gouvernement propose notamment de rebaptiser des milliers de villages kurdes ayant aujourd’hui des noms turcs, d’instaurer l’éducation de la langue kurde dans les écoles publiques et de supprimer les références à l’appartenance « turque » dans la définition de la nationalité