"Nous pourrions avoir dans les prochaines semaines ou les prochains mois la dernière fenêtre d'opportunité sur la question chypriote avant un très long moment, peut-être plusieurs années", a prévenu le commissaire européen à l'élargissement, Olli Rehn, avant des entretiens avec le chef de la diplomatie turque, Abdullah Gül. Mais ces discussions ont été passablement compliquées par le vote en France d'une proposition de loi visant à sanctionner la négation du génocide arménien. Des diplomates européens indiquent que l'initiative des députés rend quasiment impossible toute concession d'Ankara sur la question chypriote d'ici aux élections législatives prévues l'année prochaine.
LES EXCUSES DE M. CHIRAC AU PREMIER MINISTRE TURC
La controverse a en effet renforcé les nationalistes turcs, qui voient dans cette proposition de loi la preuve que les Européens ne veulent pas de la Turquie parmi eux. Dans ces conditions, argumentent-ils, il serait insensé de faire des concessions sur Chypre, sur les droits des Kurdes, des minorités religieuses ou des relations avec l'Arménie. Afin de réduire les tensions, le président français Jacques Chirac aurait appelé le premier ministre turc, Tayyip Erdogan, au cours du week-end, pour lui présenter ses excuses, et promettre son aide afin d'enterrer la proposition de loi. Pour Javier Solana, porte-parole de la diplomatie européenne, cette intervention pourrait bien détendre l'atmosphère qui préside aux négociations entre l'UE et Ankara.
La Commission européenne doit publier le 8 novembre son rapport annuel sur les progrès de la candidature turque. Face au ralentissement du processus de réformes et au non-respect des obligations chypriotes d'Ankara, les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Cinq, réunis en sommet le mois suivant, pourraient alors geler ou ralentir les négociations d'adhésion.