L'AKP estime que les relations "s'améliorent" avec les militaires turcs


1 février 2008 | Natalie Nougayrède

Yasar Yakis, l'un des représentants du Parti de la justice et du développement (AKP, ex-islamistes), a indiqué au Monde, mercredi 30 janvier, lors d'une visite à Paris, que la réforme de la Constitution turque pour autoriser le port du foulard dans les universités ne devrait ni affecter les négociations que le pays mène avec l'Union européenne, ni provoquer de fortes tensions entre l'armée et le gouvernement, dominé par l'AKP.


REUTERS/FATIH SARIBAS
Des femmes voilées défilent à Istanbul, en Turquie, le 25 janvier 2008, pour réclamer la levée de l'interdiction du voile islamique à l'université.

Ancien ministre des affaires étrangères de la Turquie (2002-2003), député et membre fondateur de l'AKP, M. Yakis estime que l'affaire du foulard ne devrait pas provoquer de remous politiques, contrairement à ce qui s'était passé en 2007 lorsque les militaires avaient cherché à s'opposer à l'élection à la tête de l'Etat d'Abdullah Gül, dont la personnalité a fait craindre aux laïques une islamisation rampante de la société.

"Il y a une amélioration constante dans l'attitude des militaires", commente M. Yakis. Alors qu'un projet de loi vient d'être déposé au Parlement pour modifier la loi fondamentale et autoriser le foulard à l'université, la réaction initiale du chef d'état-major turc Yasar Buyukanit, mercredi 30 janvier, a semblé plutôt atténuée. "La société turque tout entière sait ce que pense l'armée", s'est-il contenté de déclarer.

Selon M. Yakis, cet apaisement apparent entre l'AKP et les militaires tient à plusieurs facteurs. D'une part, l'impact des élections législatives de juillet 2007, remportées "dans des circonstances tout à fait démocratiques" par les ex-islamistes - il préfère parler de "conservateurs démocrates". D'autre part, selon cet élu, les militaires n'ont pu que se satisfaire de la façon dont le gouvernement leur a permis d'intervenir ces derniers mois au-delà des frontières contre des groupes rebelles kurdes présents dans le nord de l'Irak. Le gouvernement se serait notamment assuré, avant le début de ces opérations militaires, d'une bonne coopération des Etats-Unis, "dont il fallait l'aide pour avoir des renseignements en temps réel" sur la guérilla kurde, dit M. Yakis.

L'ancien ministre ajoute que la réforme autorisant le foulard à l'université devrait être suivie - "dans quelques semaines, plutôt que quelques mois" - par des changements concernant l'article 301, qui limite dans les faits la liberté d'expression en Turquie.