La famille socialiste réunie derrière Hollande aux obsèques de Danielle Mitterrand

mis à jour le Lundi 28 novembre 2011 à 13h24

Ladepeche.fr

La famille socialiste réunie derrière François Hollande, Mazarine Pingeot et une foule d'anonymes ont rendu samedi à Cluny un dernier hommage à la "femme libre" et engagée qu'était Danielle Mitterrand, ancienne Première Dame de France décédée mardi à 87 ans.

La fille longtemps cachée de François Mitterrand s'est fait discrète. Les ténors socialistes ont en revanche tenu à saluer la "militante" au "regard perçant et exigeant" (François Hollande) ou la "grande dame qui s'en va" et "laisse de nombreux combats à mener" (Martine Aubry).

Figuraient aussi parmi les centaines de personnes rassemblées dans le parc de l'abbaye de Cluny pour cette cérémonie en plein air Manuel Valls, Arnaud Montebourg, l'homme d'affaires Pierre Bergé, l'ancienne conseillère de François Mitterrand Anne Lauvergeon, l'ex-secrétaire général de l'Elysée Hubert Védrine, et encore Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture et neveu de Mme Mitterrand.

Sur une musique de Chopin, le cercueil en bois clair est arrivé, suivi par la famille, tandis que deux écrans géants affichaient une image de l'inlassable militante avec une écharpe rouge et portant une bouteille d'eau sur laquelle était inscrit : "Bien commun de l'humanité, l'eau n'a pas de prix".

Au pied de l'estrade, les gerbes et couronnes d'officiels et d'anonymes étaient nombreuses, rendant hommage à "une femme libre" ou à une "icône de la Résistance".

Danielle Mitterrand "revient à sa source pour y reposer", a déclaré son fils Gilbert, confiant dans l'idée que "maman ne meurt pas" et que son esprit demeure.

Pour François Mitterrand, "Danielle n'était pas une caution, c'était une conscience irréductible. Il lui fit confiance et ne le regretta jamais", a témoigné Michel Joli, secrétaire général de France Libertés, la fondation qu'elle avait fondée il y a 25 ans.

"L'accès à l'eau potable est un droit fondamental", a-t-il ajouté, une bouteille à la main, évoquant un des nombreux combats de Danielle Mitterrand pour "changer le monde" via sa fondation, créée pour défendre le droits des peuples et donner la parole aux opprimés, comme les Kurdes, les Touaregs, les Quechuas, les Karens ou les Tibétains.

Plusieurs dizaines de Kurdes, drapeaux à la main, mais aussi d'Iraniens, étaient présents aux obsèques. "Elle était la sentinelle des droits de l'Homme", pour Hélène Fathpour, du Conseil national de la résistance iranienne.

Le long cortège a ensuite traversé la petite commune de 5.000 habitants pour gagner le cimetière, où chacun a pu déposer une rose blanche ou rouge dans le caveau familial.

Parmi le "peuple de gauche" venu lui dire adieu, Annie-Claude Guérin, une Parisienne, a confié son "énorme respect pour cette dame et son rôle de femme qu'elle a tenu admirablement".

"Je suis venue pour cette belle âme et aussi pour la gauche", a renchéri sa voisine.

Le père de Danielle Mitterrand, directeur d'école, avait trouvé refuge à Cluny après avoir été révoqué en 1940 par le gouvernement de Vichy pour avoir refusé de dénoncer les élèves juifs de son collège.

C'est également à Cluny que Danielle Mitterrand rencontra le capitaine Morland, nom de résistant de François Mitterrand, alors recherché par la Gestapo.

Décédé en janvier 1996, moins d'un an après son départ de l'Elysée, François Mitterrand a été inhumé dans sa ville natale de Jarnac, en Charente.